Journal des procès n°245 (1 octobre 1993)

Pline l’ancien dont, à tort, nous relisons rarement l’Histoire du Monde, dit des rossignols que c’est miracle qu’une voix si hautaine sorte d’un si petit corps, et qu’il puisse tenir si longtemps haleine.
D’avantage, dit Pline, traduit ici par Antoine du Pinet, il a un chant ‘fort accordant, et parfaitement Musical : car quelquefois il fait ses tons longs, et quelquefois il fredonne : et d’autres fois il couppe son chant court : tantôt il assemble sa voix comme de crochets musicaux ; et d’entre-lasseures : puis la reprenant, il l’allonge, et quelquefois il l’obscurcit, usant de feintes au dépourvu. Une autrefois il gazouïllera entre soi-même, conduisant ses tons d’une même haleine, chantant maintenant pesamment, comme par semibrèves : baissant maintenant sa voix, la haussant quelquefois, et maintenant se dégoisant dru et menu. Quelque fois aussi il fera ses poincts d’Orgues, jettant sa voix haute comme une fusée, quand il lui plaît : tenant ores le dessus, maintenant la taille, et quelque fois la basse-contre. Pour conclusion, il n’y a instrument au monde, où on puisse trouver une Musique plus parfaite que celle qui fredonne en cette petite gorge.”

Quel beau texte ! Toutefois, les fusées existaient-elles, ailleurs qu’en Chine, au premier siècle de notre ère ? Et Antoine du Pinet n’a-t il pas traduit anachroniquement ? Mais ce n’est qu’un détail…

Philippe Toussaint


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