BROUWERS : Liège sur scène (texte intégral, 2000)

Liège sur scène. Et pourquoi pas Liège sur Seine ? Ou Paris sur Meuse ? C’est que nous portons le cœur en bandoulière aux couleurs que chantait Chevalier et qui composent la fleur de Paris. Du Paris auquel Liège tente un peu de ressembler par son petit « Quatorze Juillet», sa frivolité, sa bohème, ses coquetteries et son négligé. Et puis par ses théâtres qui doivent plus à Paris qu’à Bruxelles. On y goûte davantage Molière ou Pagnol que Ghelderode ou Beulemans. Ces théâtres, je pense les avoir connus et crois continuer de les connaître, tous un peu tournés vers la France et sa culture, si ce n’est vers son folklore, ses modes ou ses manies. Cela va d’Ariane Mouchkine au Moulin Rouge, de Sartre aux chansonniers montmartrois.

Voilà presque cinquante ans que je vis le théâtre à Liège. J’avoue y avoir tout fait. J’ai été spectateur d’abord, puis critique, comédien, metteur en scène, il m’est même arrivé de faire une régie ou d’aider à planter un décor. J’essaie de continuer à pratiquer ce métier unique et que des milliers de gens rêvent d’exercer. Professeur d’art dramatique pendant vingt ans, j’en ai vu défiler des élèves de tous âges, irrésistiblement attirés par notre miroir aux alouettes ! J’ai aimé tous ces aspects du métier du spectacle.

Je crois que c’est comme spectateur que j’ai connu mes plus grandes joies. D’ailleurs, un comédien est d’abord un spectateur. Trop d’acteurs ont tort de n’aller jamais au théâtre. On y perd rarement son temps même si les dieux, certains soirs, ne descendent pas sur le plateau. Tout ce qu’on y peut observer ! Ne serait-ce que les spectateurs : notre public d’hier ou de demain. J’avoue penser comme Alfred de Musset : « Il faut dans ce bas monde aimer beaucoup de choses pour savoir après tout ce qu’on aime le mieux ». J’ai donc appris à tout goûter : l’opéra et le théâtre un peu fou que nous vivons depuis les années cinquante dont celui d’Arrabal (lequel a fini par mettre en scène un opéra à Liège), la haute comédie aussi bien que la revue, le drame, même quand « on distancie », selon la formule de Brecht, et la farce dialectale.

Tout cela m’a familiarisé avec le Royal, le Gymnase (l’ancien et le nou-veau), le Trocadéro et l’Étuve, la Courte Échelle et le Trianon, la Place et le Moderne, le Proscénium et vingt autres endroits où les déesses du théâtre ont posé cothurnes ou pieds légers. On leur a quelquefois écrasé les orteils ou pincé les fesses à Thalie et à Melpomène, mais elles ne se sont pas offensées de ces familiarités, pas plus que Molière ne s’est gendarmé quand on a détourné Harpagon de sa cassette ou Tartuffe de sa discipline. J’ai écrit un livret d’opéra-comique et cela m’a donné la joie d’approcher dans leur vie quotidienne des musiciens et des chanteurs ; deux de mes comédies ont été adaptées en wallon, et j’ai pu admirer le tour de force hebdomadaire de ces acteurs qui maintiennent vivant notre dialecte. J’ai aimé travailler avec des femmes et des hommes de radio et de télévision, j’ai profité des gaîtés du music-hall (comme on disait avant que ne règnent les variétés) et surtout, j’ai adoré approcher Beckett avec Olinger, le directeur du Théâtre des Capucins, de Luxembourg, ou retrouver Molière à Bruxelles dans une production de Laurent Gaspard.

Vous comprendrez que j’ai des choses à raconter. La vie est pleine d’incidents qui deviennent des anecdotes quand ils cessent d’être dramatiques. Qui ne prend plaisir à les relater, ces entremets de la vie, en y mettant un brin de mensonge, juste ce qu’il faut pour rejoindre la vérité ?

José Brouwers

BROUWERS J., Liège sur scène est paru chez Luc Pire / RTBF Liège en 2000. L’ouvrage est aujourd’hui épuisé et n’a pas été réédité.

Table des matières

      • Prologue
      • Acte I : Beaucoup de bruit pour rien
      • Acte II : Il ne faut jurer de rien
      • Acte III: Comme avant, mieux qu’avant
      • Acte IV : La main passe
      • Acte V : Faisons un rêve
      • Épilogue

[SUDPRESSE/LIEGE, 26 septembre 2000] Pour ses 50 ans de scène, José Brouwers a choisi de marquer le coup en couchant sur papier tous ses souvenirs : du Conservatoire à La Meuse où il a été journaliste, jusqu’à son immense carrière au Gymnase, sans oublier l’Arlequin, ce théâtre qu’il a créé et qu’il dirige encore aujourd’hui. Liège sur Scène, c’est certes le parcours d’un homme, mais c’est surtout un tableau de la vie culturelle liégeoise de ces 50 dernières années. La sortie officielle de l’ouvrage, aux éditions Luc Pire, est prévue pour ce 29 septembre, à l’Arlequin. En avant-première, nous vous dévoilons quelques extraits d’un livre plein d’anecdotes…

Pour lire tout le livre…

ROULIN : Catalogue de l’exposition Sculptures dans la ville (Namur, 2002)

Cette exposition importante dans la ville de Namur donne un bon aperçu des sculptures réalisées ces dix dernières années. Dans mon parcours artistique marqué par la métallurgie du cuivre de ma ville natale, Dinant, et par les rochers de la Meuse qui ont influencé mon vocabulaire plastique, il y a eu une première période abstraite. Jeune artiste, l’abstraction dans les années cinquante était une façon d’être moderne et de rompre avec l’enseignement que j’avais reçu à l’École d’Art de Maredsous. En 1966, j’installe une première fonderie à Maredret et c’est la technique même du bronze coulé à la cire perdue qui me suggère le retour à la figure. La qualité, la finesse de la reproduction métallique, que je décris comme une opération quasi magique, m’y encourage. Depuis, je poursuis cette recherche où le corps humain prend une importance de plus en plus grande, jusqu’aux sculptures de cette exposition. Sols, colonnes de dimensions moyennes, sculptures monumentales sont installées sur les places de Namur. Exposés dans les bâtiments de la SMAP, les sites, sculptures de petites tailles aux sujets d’origines mythologiques, montrent un retour à la narration. Dans la Province enfin, plusieurs réalisations, signe urbain comme la Porte du Millénaire à Andenne, monument comme celui dédié à Adolphe Sax à Dinant, ou sculpture intégrée à l’architecture comme le Mur des Marcheurs de Gerpinnes sont autant de découvertes qui peuvent compléter cette exposition…

Félix Roulin, 2002

Pour en (sa)voir plus, téléchargez le catalogue intégral de l’exposition. Il est richement illustré et en 4 langues :

Les fugueurs du livre : Salon de la petite édition, indépendante et alternative (2024)

Les Fugueurs du livre au B3 (Liège)

Le Comptoir du livre est heureux de vous accueillir au salon des Fugueurs du livre 2024, rendez-vous incontournable de l’édition indépendante et alternative à Liège. Pour sa onzième édition, c’est au B3, espace public dédié à la lecture et à la vie culturelle, que prend place l’événement. Ce nouveau partenariat avec le centre de ressources et de créativité provincial permet d’articuler les traditionnelles activités du salon (éditeurs sur stands, dédicaces, rencontres et tables rondes) avec de nouvelles propositions : ateliers liés aux métiers du livre, visites guidées, accès inédit aux réserves.

Les Fugueurs du livre proposent cette année encore une programmation riche et variée, laissant la part belle à la prise de parole d’éditeurs émergents ou confirmés. Ils ont l’occasion par ailleurs de se déployer dans un lieu exceptionnel qui abrite les livres et les lecteurs : on ne pouvait rêver mieux pour célébrer le travail de celles et ceux que l’ASBL représente au quotidien !

Le Comptoir du livre ASBL.
Qui sommes-nous ?

Vitrine incontournable de l’édition alternative depuis 2001, le Comptoir des petits éditeurs et des métiers du livre (pour déplier son intitulé complet) est un lieu qui soutient les propositions des éditeurs indépendants, tous domaines confondus : littérature, livre d’artiste, revues, bande dessinée, albums illustrés, jeunesse et autres inclassables.

Soucieux de valoriser les démarches éditoriales dans une perspective double, à la fois contemporaine et patrimoniale, le Comptoir du livre met un point d’honneur à présenter ces ouvrages par maison d’édition, de manière aussi exhaustive que possible. À côté de ses activités de librairie, le Comptoir du livre organise tout au long de l’année des expositions en lien direct avec les publications qu’il propose au public. La vie du Comptoir est également ponctuée de rencontres avec une grande diversité d’acteurs du livre : auteurs et éditeurs, artistes et relieurs. L’ASBL est aussi à l’initiative d’événements de plus grande ampleur tels que le salon des fugueurs du livre et des événements thématiques (poésie sonore, écopoétique…) ainsi que d’une résidence annuelle, Ma Nuit au Comptoir.

Chacun de ces événements proposé par Le Comptoir vise à stimuler la création littéraire et artistique en lien avec la chaine du livre, tout en générant des dialogues avec des ouvrages plus anciens qui figurent dans nos stocks. C’est que le temps offert à un livre sur les tables de la librairie est lent ; il en va d’une certaine éthique dans notre mission de service au secteur éditorial indépendant. Nombre de chemins de lecture sont des autoroutes balisées. D’autres sont des sentiers de traverse où règne l’imprévu. Le Comptoir du livre aime à se perdre dans les terrains en friche, broussailleux et luxuriants, de l’édition, mais sans jamais perdre celles et ceux qui font le choix d’y entrer. Bastion, repaire, refuge, cabinet de curiosités, le Comptoir du livre est peut-être d’abord et avant tout le guide, non dogmatique, d’un voyage dont on ne connaît pas toujours la destination.

Le Comptoir
106 rue Féronstrée
B-4000 Liège
Tél. +32 (0) 493 995 335
comptoirdulivre.asbl@gmail.com
www.comptoirdulivre.be
Heures d’ouverture :
Du mercredi au samedi de 13h à 18h
Fermé dimanche, lundi et mardi.
Possibilité de visite sur rdv les lundi et mardi.

Cliquez ci-dessous pour retrouver les fiches signalétiques des exposants et des partenaires des Fugueurs : Actes Nord, éditions Antoine Degive, Antonio Jiménez Saiz, Archidoc, Artgo, Bandes détournées, Boustro, Bozon2x, Burn-août, Cactus inébranlable, le Caïd, CFC, le Chat polaire, David Cauwe, Daronnes, Dérivation, éditions des Instants, E2 Sterput, ESAC – Cambrai, Exemplaire, Fifi, Fourre-tout, la Gazette du rock, les Grands Champs, Hélène Jean bon, Hématome, la Grange Batelière, la Lettre volée, l’Âne qui butine, l’Arbre à paroles, l’Arbre de Diane, le Mulet, le Sabot, le Taillis pré, Les Carnets du Dessert de Lune, Les Éditeurs singuliers, Maelstrom, Mayak, Météores, Midis poésie, Murmure des soirs, Maxime Gillot (Hyper Studio], Ni Fait Ni à Faire, Panthère première, Papier machine, Partis pour, rétine, Riso des bois, Rotolux, Territoires de la mémoire, Vanloo, Volumen, VROUM, Yellow Now…

WALTHERY : à propos de Natacha (interview, 2004)

Revue à propos n°12 (monographie, mars 2004)
François Walthéry  :  “à propos” de Natacha

Cet album de « à propos de Natacha » a été tiré à 250 exemplaires numérotés et signés par l’auteur sur la couverture. Il a pour propos la série culte de François Walthéry : Natacha ! Ce magnifique ouvrage contient de nombreux croquis et dessins inédits, ainsi qu’une interview de Walthéry…

    • Tirage de tête
    • Couverture souple,
    • 64 pages noir & blanc
    • Format : 13,50 cm / 19 cm
    • Mise en couleur de la couverture : Bruno Wesel
    • Dépôt légal : mars 2004
    • Revue à propos n° 12
    • EAN 29300348118
    • Les Editions À Propos – Éditeur responsable Stephan Caluwaerts, à Incourt (BE)

SPAHR C., Frankophone Identität im Info-Dschungel – Jacques Dufresne une l’Agora als Kultur- und Kommunikationsprojekt in Québec (2001)

Vertragen sich die Identitäten frankophoner Minderheiten mit dem englisch dominierten Internet? Wie sollen es die Québecer halten mit kulturellen Traditionen und dem World Wide Web? Die vorliegende Seminararbeit geht auf Fragen dieser Art ein und stellt einige Positionen von Québecer Autoren vor. Im Mittelpunkt steht die Arbeit des Philosophen und Publizisten Jacques Dufresne, der sich aus einer technikkritischen Position heraus mit dem Internet befaßt und gleichzeitig Orientierungen gibt, welche Art von Umgang mit dem Datennetz auch Kulturen und Nationen nutzt, die sich mit dem American way of life schwer tun.

Vor einer detaillierten Betrachtung der Standpunkte und Projekte Dufresnes steht eine kulturwissenschaftlich geprägte Einführung in das Verhältnis Québecs zur modernen Informations- und Kommunikationstechnik. Sie reflektiert das Internet-Engagement des frankokanadischen Bundesstaats im Hinbllck auf das Mutterland Frankreich, die anglophone Umgebung und Québecer Indentitätskonzepte.

Teil 3 der Arbeit ist einer Übersichtsdarstellung der Tätigkeitsschwerpunkte von Jacques Dufresne gewidmet. Dabei werden seine Forschungs- und Kommunikationsgesellschaft Agora und die gleichnamige Zeitschrift vorgestellt. Außerdem kommen einige Themen zur Sprache, die auch die InternetPräsenz von L’Agora geprägt haben.

Das Herzstück dieses Online-Angebots, die Encyclopédie de L’Agora, soll in Teil 4 eingehend untersucht werden. Wichtig scheint hier vor allem die Frage, auf welche Weise die Enzyklopädie einen Beitrag zur Kultur und Außendarstellung Québecs leisten kann.

Dresden, 23. April 2001
Christian Spahr

LEODICA : Passeports Encyclo (dossier de présentation)

“On vous l’a souvent rappelé. Le blog encyclo wallonica.org est l’héritier d’une vénérable initiative (“vénérable” parce que lancée dans les années 2000), à l’occasion d’un partenariat Wallonie-Québec ; l’encyclopédie québécoise de l’Agora partageait ses bases de données (= les articles) avec des petits wallons, constitués en sprl LEODICA, qui les alimentaient en contenus et diffusaient le tout via une interface (= le site proposé aux visiteurs) proprement “Wallonie-Bruxelles”. L’aventure a connu différentes péripéties et, notre encyclopédie, différentes adresses : de encyclopedie-agora.org à walloniebruxelles.org, vous avez eu différentes portes auxquelles sonner pour exercer votre droit de savoir-s !” [Lire la suite dans wallonica.org…]

LEODICA : Passeports Encyclo (affichette A4)

“On vous l’a souvent rappelé. Le blog encyclo wallonica.org est l’héritier d’une vénérable initiative (“vénérable” parce que lancée dans les années 2000), à l’occasion d’un partenariat Wallonie-Québec ; l’encyclopédie québécoise de l’Agora partageait ses bases de données (= les articles) avec des petits wallons, constitués en sprl LEODICA, qui les alimentaient en contenus et diffusaient le tout via une interface (= le site proposé aux visiteurs) proprement “Wallonie-Bruxelles”. L’aventure a connu différentes péripéties et, notre encyclopédie, différentes adresses : de encyclopedie-agora.org à walloniebruxelles.org, vous avez eu différentes portes auxquelles sonner pour exercer votre droit de savoir-s !” [Lire la suite dans wallonica.org…]

LEODICA : Passeports Encyclo (brochure)

“On vous l’a souvent rappelé. Le blog encyclo wallonica.org est l’héritier d’une vénérable initiative (“vénérable” parce que lancée dans les années 2000), à l’occasion d’un partenariat Wallonie-Québec ; l’encyclopédie québécoise de l’Agora partageait ses bases de données (= les articles) avec des petits wallons, constitués en sprl LEODICA, qui les alimentaient en contenus et diffusaient le tout via une interface (= le site proposé aux visiteurs) proprement “Wallonie-Bruxelles”. L’aventure a connu différentes péripéties et, notre encyclopédie, différentes adresses : de encyclopedie-agora.org à walloniebruxelles.org, vous avez eu différentes portes auxquelles sonner pour exercer votre droit de savoir-s !” [Lire la suite dans wallonica.org…]

AGORA X.4 : Le sport durable (2004)

ON L’APPELAIT JACK RABBIT. Il était venu de Norvège sous le nom de Herman Smith Johannsen. Il a passé sa vie à skier, à aménager des pistes de ski et à donner le goût du ski de fond aux Québécois. Il était légendaire de son vivant. Il participait encore à des compétitions à l’âge de soixante-quinze ans. La longueur des trajets qu’il parcourait à plus de quatre-vingt-dix ans étonnait tout le monde. Il est mort en 1987, à l’âge de cent douze ans, après avoir donné son nom à des événements et des hôtels. Le sport durable c’est lui.

Voilà un domaine où il existe depuis Hippocrate, dont on connaît les préceptes sur l’équilibre entre l’alimentation et l’exercice physique, un consensus qui se renforce avec le temps : l’activité physique est une bonne chose, les modes de vie sédentaires une mauvaise chose. “Ils accroissent toutes les causes de mortalité, font doubler le risque de maladies cardio-vasculaires, de diabète et d’obésité et font considérablement augmenter les risques de cancer du côlon, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose) de dépression et d’angoisse” (OMS)

Dans un pays comme le Canada où ce genre de message est régulièrement diffusé, l’accès à des  lieux qui facilitent l’activité physique et la rendent agréable est facile et souvent gratuit. Il n’empêche que 49 % de la population est inactive. Entre l’âge de douze et quatorze ans, le pourcentage d’inactifs n’est que de 20 %.Il passe à 31 % de quinze à dix-neuf ans, à 41 % de vingt à 24 ans, à 50% entre vingt-cinq et et trente-quatre ans. L’inactivité se stabilise ensuite. A l’âge de soixante-quinze ans et plus, elle atteint 63 %.

Chez les jeunes en particulier, l’activité physique est en déclin au Canada. “Au cours des dernières années, l’incidence de l’obésité chez les adolescents a doublé ; l’incidence d’un surplus de poids a augmenté de 92 % chez les garçons et de 57 % chez les filles entre 1981 et 1993. Depuis une décennie, les enfants canadiens dépensent 400 % moins d’énergie que leurs compatriotes d’il y a quarante ans et 60 % d’entre eux ne se conforment pas aux normes d’une bonne condition physique pour leur groupe d’âge.” Cette lamentable situation est en grande partie le résultat d’un développement où l’on sacrifia les besoins des enfants aux intérêts de l’industrie automobile, à la poursuite d’un progrès auquel on sacrifiait la nature d’autre part. Sauf exception, les anciens collèges et couvents du Québec possédaient une immense cour de récréation, généralement bien aménagée et parfois belle au point d’en être inspirante : y marcher était un plaisir auquel on rêvait pendant les heures de classe ennuyeuses pour s’y adonner le moment venu, comme un enfant court vers la mer, sans avoir à mobiliser sa volonté. Autour des nouveaux collèges, il n’y a que des terrains de stationnement.

Au moment où le Cégep d’Ahuntsic a été fondé à Montréal, à la fin de la décennie 1960, il y avait un grand boisé dans le voisinage immédiat. On refusa de le céder au Cégep, qui l’aurait transformé en un parc destiné à ses milliers d’étudiants. On leur offrit plutôt un gymnase et une piscine olympique. Mais voilà : ces équipements offrent bien des avantages, notamment pour la préparation aux compétitions olympiques, mais ils ne préparent pas à l’activité physique durable. L’homme ressemble encore à l’oiseau migrateur. Il est soumis à la polarité. Il se déplace d’autant plus facilement qu’il est attiré par un but enchanteur : beauté du paysage, ivresse de l’air de la montagne, parfum des fleurs, saveur des champignons, attraits d’une ville comme le vieux Québec, où dans certaines rues, la vue est réjouie par le caractère à la fois unique et varié des maisons anciennes, et par l’attrait des boutiques qui jalonnent les rues étroites conduisant au fleuve. Aux Etats-Unis, royaume des gadgets de l’entraînement physique, parmi les exercices que les personnes actives pratiquent, la marche domine dans 43 % des cas, le travail au jardin ou dans la cour suit avec 28 %,le jogging ou la course représentent 10% des activités, le vélo mobile ou fixe, 12 %, la gymnastique 15%.

Nous vivrons mieux lorsque nous aurons plus de sollicitude pour la vie autour de nous et pour la polarité dont nous avons besoin pour nous unir à elle. Georges Hébert, à qui nous devons l’hébertisme, est l’un de ceux qui avaient mis ses contemporains en garde contre une approche trop rationnelle et trop volontariste de l’éducation physique.

Le docteur André Schlemmer lui a rendu cet hommage : “Il est antinaturel, ennuyeux et même fatigant de demander à un être d’accomplir un exercice qui n’a de sens qu’en soi ou qui ne correspond qu’à une conception rationnelle. Un effort qui n’est pas porté par la spontanéité expressive ou efficace n’est pas seulement lassant : il réussit mal à être éducatif, formateur et bienfaisant. Les exercices analytiques et scientifiques, qu’il s’agisse de gymnastique, d’entraînement aux sports ou de piano, sont antinaturels et, de ce fait, leur résultat est médiocre, malgré le temps et l’effort demandés. C’est là la découverte géniale de Georges Hébert et l’inspiration de toute son oeuvre.

Jacques DUFRESNE

Le PDF intégral du magazine a été retranscrit par notre équipe et océrisé (vous pouvez en copier-coller le texte) :

AGORA XI.1 : Les professions (2005)

On célébrait, I’an dernier, les trente ans du Code des professions du Québec, la pierre d’assise du système professionnel québécois. Dans la foulée de cet anniversaire, il nous a semblé pertinent de consacrer ce second fascicule, qui inaugure le projet des Grandes études de I’Encyclopédie de I’Agora, à la question des professions.
A certains, le sujet pourrait sembler hautement spécialisé, sinon abstrait. Pourtant, à bien y penser, il est on ne peut plus concret. Les problèmes auxquels font face les professionnels nous touchent tous, à des degrés divers, en tant que travailleurs et travailleuses.
Notre intérêt fut d’autant plus vif que les professions font partie de ces réalités qui, dans le monde actuel, sont en péril. Nos sociétés, fondées sur la démocratie et le libéralisme économique, manifestent en effet une réticence
croissante à l’égard des professions. D’une part, on tolère mal le fait que des groupes particuliers comme elles se voient octroyer une partie de la puissance publique, tout en ne manifestant pas toute la transparence requise ; de l’autre, on perçoit de plus en plus négativement les monopoles qu’elles possèdent sur certaines occupations, et les entraves qu’elles causent à la libre concurrence en raison de leurs réglementations particulières.
Il aurait été dans I’air du temps de s’appesantir sur les déboires, médiatiques ou autres, des professions. Il nous a semblé plus judicieux de considérer celles-ci dans leurs potentialités positives, de prendre en compte la manière dont elles peuvent contribuer à I’humanisation de notre monde.
Dans un article intitulé L’âme des professions, qui donne le ton au numéro, Jacques Dufresne rappelle qu’elles demeurent une des rares occupations “compatibles au plus haut degré avec la bonne vie, celle qui consiste, […] selon Aristote, à se faire soi-même en faisant des choses.
On entend parler souvent, par les temps qui courent, de crise de I’identité professionnelle. Cette crise ne pourra être résolue, à notre avis, que par I’adhésion à des valeurs nourricières qu’on aura su reconnaître. Peut-être alors les professions, et les ordres qui les représentent, pourront-ils (re)devenir ces communautés morales dont parle Durkheim, susceptibles,  selon lui, de combattre l’anomie de la société moderne.

Stéphane Stapinsky & Bernard Lebleu

Le PDF intégral du magazine a été retranscrit par notre équipe et océrisé (vous pouvez en copier-coller le texte) :