Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991)

      • AUTEUR : Marylène LAFFINEUR-CREPIN, Animation Chrétienne et Tourisme,
      • EQUIPE DE REDACTION : Abbé Jean-Pierre DELVILLE, Abbé Alain HENRY de HASSONVILLE, Marylène LAFFINEUR-CREPIN,
      • MAQUETTE : Studio Bernadette BAYLE – Strasbourg,
      • EDITEUR : Editions du Signe -4 rue Ettore Bugatti – BP 94 – 67038 ECKBOLSHEIM STRASBOURG – FRANCE – Téléphone : 88 77 27 65,
      • EDITIONS DU SIGNE © 1991 – ISBN 2-87718-063-8

VISITEUR,
Tu vas pénétrer dans le porche de Saint-Jacques. Lève les yeux vers Jacob. Vois, dans le médaillon buriné, l’homme qui s’éveille. Il a vu en songe l’échelle joignant terre et ciel, où montent et descendent les anges de Dieu. Distingue l’inscription presque effacée sur le linteau de la porte. Ecoute le cri de Jacob : Quoi d’autre ici, sinon la maison de Dieu et la porte du ciel ! Franchiras-tu la porte ? Jacob te guide. Connaîtrait-il l’hôte de ces lieux ? Une nuit, il s’est battu avec Dieu (Gen 32). Toi aussi, peut-être ? L’autre nuit, il s’est émerveillé, à l’union de la terre et du ciel. Avec lui, laisse-toi émerveiller, toi aussi !

Jean-Pierre Delville

Extraits…

Liège, cité de dieu en bord de Meuse

Esquisser le paysage urbain de Liège, c’est -jusqu’à la Révolution- tracer les bras du fleuve dans une forêt d’édifices religieux. On en compte alors pas loin de cent, d’ampleur très diverse. Les souches principales, celles qui pendant huit siècles domineront la Cité, on les doit presque toutes à Notger (972-1008), premier des princes-évêques -le plus grand aussi- de la principauté. Comme d’autres évêques de son temps, Notger a voulu faire de Liège une nouvelle Jérusalem, une Cité de Dieu. Il a orné la cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Lambert, qu’il a superbement reconstruite, “d’une couronne de collégiales et d’abbayes qui formèrent un rempart spirituel appelé à doubler et à consolider les murailles de pierre dont il avait entouré sa ville” (J.-L. Kupper).

Sept, un nombre sacré

Sept occupe une place privilégiée dans la symbolique des nombres. Les jours de la semaine, les sages de la Grèce antique, les merveilles du monde, les paroles du Christ sur la croix, les sacrements, les vertus, les péchés même vont par sept. Sept, c’était aussi le nombre des collégiales liégeoises : Saint-Pierre, Saint-Martin, Saint-Paul, Sainte-Croix, Saint-Jean l’Evangéliste, Saint-Denis et Saint-Barthélemy…

Saint-Jacques, collégiale de la dernière heure

En 1785, après quinze ans de procès, les moines bénédictins de Saint-Jacques obtiennent la sécularisation de leur abbaye. Les moines deviennent des chanoines. Une huitième collégiale est née. Son existence sera éphémère.

Chapitres de chanoines

La collégiale se distingue des autres églises par le chapitre (ou collège) de chanoines qu’elle abrite. Cette communauté d’hommes (il existe aussi des communautés de femmes) est tenue de chanter au choeur les sept offices canoniques (ou heures canoniales : matines-laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies). Ces chanoines séculiers (vivant dans le siècle) sont soumis à une règle (canon). Ils ne prononcent pas de voeux, mais sont astreints au célibat. Sauf pour l’exercice de certaines charges, la prêtrise ne leur est pas imposée : ils font partie des religieux laïcs. Dans un premier temps, les chanoines mènent une vie commune : un dortoir et un réfectoire bordent, avec d’autres locaux, le cloître annexé à la collégiale. A partir du XIIe siècle, ils s’installent dans des maisons individuelles. L’assemblée capitulaire, qui réunit les chanoines (30 pour chaque chapitre liégeois), est présidée par le doyen (chef spirituel). Nanti d’abord d’une ferme autorité sur l’administration des biens et la nomination des bénéfices vacants, le prévôt voit bientôt son rôle réduit à celui de protecteur. Les autres charges importantes dans l’administration de la collégiale incombent à l’écolâtre (enseignement), le coste (garde du trésor) et le chantre (musique). Les revenus importants du chapitre (bois, terres, maisons, rentes, dîmes) servent à couvrir les énormes dépenses de l’institution : notamment les frais du culte, l’entretien des bâtiments et la rétribution d’un personnel considérable. Quelque cent personnes gravitent dans l’orbite d’une collégiale : outre les 30 chanoines, il faut compter de nombreux chapelains (prêtres attachés aux autels), les enfants de choeur, les musiciens…

La collégiale, une église particulière

La collégiale n’est pas une église paroissiale. Elle est l’église d’un clergé appelé à Liège secondaire (par opposition au clergé primaire, titre porté par le chapitre de la cathédrale Saint-Lambert). Elle se présente comme une église conventuelle, avec une zone exclusivement réservée aux religieux. Cet espace clos englobe le sanctuaire -occupé par le maître-autel et les célébrants- et le choeur -où prennent place les chanoines, chapelains, chantres et enfants de choeur qui chantent les offices et assistent à la messe. Dans la plupart des collégiales liégeoises, le choeur s’étend dans la croisée du transept. Entre le monde religieux et les nefs accessibles aux laïcs se dresse une haute clôture, véritable écran de maçonnerie : le jubé. Lieu des lectures et des proclamations, support éventuel des orgues, le jubé abrite -côté nefs- deux autels latéraux. Le Christ triomphal le surmonte. Un changement dans la mentalité religieuse met fin à l’existence des jubés : désormais, on ne contrariera plus la vue du maître-autel. Les jubés disparaissent en France dès la fin du XVIIe siècle. A Liège, le chapitre de Saint-Paul donne l’exemple en remplaçant, en 1712, son jubé par une clôture nettement plus basse. Il est suivi par tous les autres, à l’exception du chapitre de la cathédrale qui conserve le sien jusqu’à la fin parce qu’il sert de socle monumental pour la châsse de saint Lambert. Cette ambonoclastie (destruction systématique des jubés) n’est pas synonyme de gaspillage : dans la plupart des collégiales, les jubés -coûteux ouvrages d’architecture habillés de marbres rares reprennent du service sous forme de tribunes pour les orgues placées au fond des vaisseaux.

La collégiale transformée

Embellir et moderniser sont un souci constant pour les chapitres liégeois. La fondation de nombreux autels entraîne la construction de chapelles latérales. Le plan initial -celui de la croix latine généralement adopté s’en trouve modifié : plusieurs vaisseaux passent ainsi de trois à cinq nefs.

C’est en prononçant ces mots tracés sur le cadre que Notger s’agenouille devant le Christ en majesté. Aveu d’humilité. le PECCATI PONDERE PRESSUS ne fait nullement allusion à une ruse sacrilège ; c’est une formule souvent utilisée par les dignitaires ecclésiastiques au Moyen Age. Le sens et les divers composants de la scène ont suscité maintes questions et maintes hypothèses. Pourquoi Notger est-il nimbé ? L’objet qu’il tient en main, est-ce un codex (livre) ou un rotulus (rouleau) contenant le privilège d’administration du baptême accordé à l’église Sainte-Adalbert ? L’édicule devant lequel Notger s’agenouille représente-t-il la collégiale Saint-Jean, la paroissiale Saint-Adalbert ou le Saint-Sépulcre de Jérusalem? L’ivoire est justement célèbre et reconnu unanimement comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’art mosan. Il orne le plat de couverture d’un évangéliaire conservé à Saint-Jean jusqu’en 1715.

Urbanisme et théologie

Consacrée un 1er mai (987?) et nantie des revenus indispensables au bon fonctionnement de l’institution, la collégiale s’inscrit dans la politique générale d’accroissement, d’embellissement et de défense que Notger développe à Liège. Protégée, l’église Saint-Jean l’est par le bras de Meuse que Notger fait canaliser. Son image dans la ville est très différente d’aujourd’hui. Elle se dresse comme un repère au nord de l’île peu peuplée, juste en regard de la cathédrale. Cette liaison visuelle et symbolique ne relève pas du hasard. Elle a été voulue par Notger, comme le note l’un de ses biographes : “Notger édifia l’église sur une éminence de l’île, juste en face de la cathédrale SaintLambert dont Notre-Dame était la patronne principale, afin que l’apôtre préféré, que le Christ du haut de la croix avait donné pour fils à la Vierge, eut toujours la vue de sa mère et que le gardien de Marie fut toujours gardé par elle“. En implantant Saint-Jean et Sainte-Croix, Notger a retranscrit dans l’urbanisme l’épisode du Golgotha rapporté par Jean : “Femme, voilà votre Fils“, et au disciple “Voilà votre mère.

Une réplique symbolique du dom d’Aix-la-Chapelle

Au XIVe siècle, Jean d’Outremeuse souligne à propos de Saint-Jean “la fachon et forme reonde ensi que astoit et est l’englise Nostre Damme d’Yais-le-Grain.” Le chroniqueur mesure-t-il toute la pertinence de ce rapprochement ? La collégiale notgérienne reproduit exactement la chapelle palatine construite par Charlemagne vers 800. Elle en adopte le plan central. A l’est, le choeur est de petites dimensions (il sera, comme à Aix, remplacé par un choeur gothique plus vaste). Au centre, l’octogone -c’est la partie la plus caractéristique de l’édifice- est bordé d’un déambulatoire surmonté de tribunes. A l’ouest se dresse l’avant-corps : une tour massive flanquée de deux tourelles d’escaliers.

La nouvelle église baroque

La dégradation de l’édifice médiéval a acculé les chanoines à reconstruire la rotonde et le choeur. De 1752 à 1770, une nouvelle église est bâtie sur les anciennes fondations. Ses plans ont été établis par un architecte tessinois, Gaetano Matteo Pisoni. La source d’inspiration n’est plus à Aix, mais à Venise dans l’église Santa Maria della Salute, oeuvre de Baldassare Longhena (1630). Le mobilier de l’ancienne collégiale a repris place dans le nouvel édifice. Il est encore en grande partie conservé, notamment l’imposant maître-autel de marbre, un somptueux cadeau – il a coûté 4000 florins – du doyen André-René de Beekman (1694-1729). Le nouveau statut d’église paroissiale (1803) a enrichi le patrimoine de Saint-Jean de meubles liturgiques indispensables : les fonts baptismaux et la chaire de vérité proviennent de l’église Saint-Adalbert. Copies romantiques des confessionnaux baroques de l’église Saints-Pierre-et-Paul de Malines ( 1683-1684 ), les confessionnaux de Saint-Jean s’affirment à contre-courant de la vogue néo-gothique. Ils illustrent quelques grands thèmes chrétiens : la Foi, l’Espérance, la Passion, la Pénitence, la Mort.

Le massif occidental : un rempart contre les ténèbres

Seule partie de l’édifice médiéval épargnée par la reconstruction du XVIIIe siècle, l’avant-corps occidental a fait l’objet de plusieurs campagnes de  travaux. Progressivement surhaussé du XIe au XVe siècle, il domine un édifice aujourd’hui englouti dans la ville. Autrefois, il remplissait des fonctions pratiques et liturgiques. Ses tourelles d’escalier donnaient accès aux étages du massif central et aux tribunes de l’octogone. Haut lieu de la liturgie pascale et du culte du Sauveur vainqueur de la mort, il était encore voué au culte des anges, tout spécialement à saint Michel, gardien du paradis, défenseur des forces du Bien (que l’on situait à l’est) contre les forces du Mal (que l’on imaginait à l’ouest). L’avant-corps occidental formait, à Saint-Jean comme dans les autres édifices religieux, un rempart contre Satan. Et ceci explique l’absence de porte axiale si souvent observée en région mosane.

Trois chefs-d’oeuvre de l’art gothique

Vous êtes toute belle et pleine de charme (…) comme une aurore toute brillante de lumière (…) belle comme la lune, éclatante comme le soleil.

Cette vision mystique du Cantique des Cantiques s’est miraculeusement incarnée dans la plus célèbre des statues de l’église Saint-Jean, la Vierge assise à l’Enfant. Chef-d’oeuvre de l’art mosan et de l’art gothique européen, elle est l’une des plus belles, des plus précieuses et des plus harmonieuses interprétations du thème de la Vierge à l’Enfant. Marie, Siège de la Sagesse (Sedes Sapientiae), reine assise sur un trône riche de pierreries, Nouvelle Eve écrasant le dragon est aussi une femme d’une éclatante beauté. Ces deux témoins douloureux du Golgotha dominaient autrefois l’entrée du choeur. La robe serrée par une ceinture, drapée d’un voile-manteau, le visage crispé et incliné, le regard noyé de tristesse, les mains jointes, la Vierge s’efforce de contenir une souffrance intolérable, la perte de son enfant. Saint Jean en portant la main au front exprime le même accablement.

Le trésor d’une église disparue : saint-Adalbert

Elle avait été fondée par Notger en mémoire de son ami Adalbert, évêque de Prague et évangélisateur de la Pologne, massacré en Poméranie par les Prussiens Obotrites le 23 avril 997. Des quatre paroissiales de l’Ile, elle était seule à détenir le droit de baptême. L’église disparut avec l’Ancien Régime, mais une partie de son mobilier et de son trésor échut à Saint-Jean. C’est heureux, car de l’argenterie religieuse de l’ancienne collégiale, victime des réquisitions françaises, il ne reste rien.

Le relief de Guillaume de Wavre

Sous une voûte cintrée, trois convives assistent à l’onction des pieds du Christ par la Madeleine. La tête d’un serviteur apparaît à droite derrière un guichet ménagé dans le mur. A gauche, saint Jean, patron de la collégiale, présente le donateur, le chanoine Guillaume de Wavre, décédé le 23 janvier 1457. Ceci est son monument funéraire. Le thème, inhabituel dans l’art funéraire, surprend moins si l’on sait que, jadis, l’oeuvre ornait le réfectoire situé en bordure du cloître et que Guillaume de Wavre portait une attention particulière aux pauvres et au culte de sainte Marie-Madeleine, dont la paroisse liégeoise était, au Moyen Age, le quartier des filles de joie. Le relief révèle d’indéniables ressemblances avec l’art du peintre de Louvain Thierry Bouts (v. 1415-1475).

L’évangélaire de Quercentius : les derniers feux du livre manuscrit

Assis sur un promontoire, saint Jean écrit l’ Apocalypse. Son aigle-attribut tient l’encrier. Derrière lui, baignée de brume, la ville s’étend des deux côtés du fleuve, paisible et ignorante des terribles visions. Cette superbe miniature, qui s’inscrit dans la grande tradition des paysagistes mosans Joachim Patinier et Henri Blès, est l’oeuvre de Thomas Vanden Putte dit Puteanus, peintre et bourgeois de Saint-Trond (1532-1609). Elle appartient à un évangéliaire calligraphié en 1565 par un chanoine de Saint-Jean, Robert Quercentius (1513-1599). Professionnelle de la belle écriture, la main de Quercentius livre un ultime combat contre la machine, donnant aux caractères tracés l’apparence de l’imprimé. L’art séculaire du livre manuscrit, enrichi d’enluminures, s’éteint, vaincu par le progrès. A Liège, un premier imprimeur s’est installé : Walthère Morberius.

[Dans la plaquette richement illustrée, à télécharger ci-dessous, plus d’informations sur :]

      1. la collégiale Saint-Denis : une tour forte dans l’enceinte notgérienne,
      2. la collégiale Saint-Barthélémy : la dernière née des collégiales liégeoises,
      3. la collégiale Saint-Martin-en-mont : cathédrale éphémère, forteresse sacrée, une fondation détournée,
      4. la collégiale Saint-Paul : Eracle, premier promoteur immobilier de l’île,
      5. la collégiale Sainte-Croix : Liège sous la protection de la croix,
      6. la collégiale Saint-Jean-l’Evangéliste : l’église de Notger,
      7. la collégiale Saint-Jacques : une grande abbaye bénédictine…

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

Tous les édifices présentés ont fait l’objet d’excellentes monographies publiées dans la série des Feuillets de la Société royale Le Vieux-Liège (en vente dans la plupart des églises, ils comportent une bibliographie du sujet).

On se référera aussi aux catalogues d’expositions

      • Millénaire de la collégiale Saint-Jean de Liège (Liège, 1982) ;
      • La restauration des monuments à Liège et dans sa province depuis 150 ans (Liège, 1986) ;
      • Trésors d’art religieux au pays de Visé et de saint Hadelin (Visé, 1988) ;
      • Saint-Martin. Mémoire de Liège (Liège, 1990) ;
      • Le culte de saint Hubert au pays de Liège (Saint-Hubert, 1990 et Liège, 1991) ;

…ainsi qu’aux études suivantes :

      • La Wallonie. Le pays et les hommes. Lettres-arts-culture, ss la dir. de R. LEJEUNE et J. STIENNON (2 tomes, 1977-1978) ;
      • J. STIENNON et Ch. MAHAUX, Cités de Belgique. Liège (Artis-Historia, Bruxelles, 1981) ;
      • J.-L. KUPPER, Liège et l’Eglise impériale. XIe-XIIe siècles (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, CCXXVlll, Paris, 1981) ;
      • P. COLMAN et B. LHOISTCOLMAN, Recherches sur deux chefs-d’oeuvre du patrimoine artistique liégeois : l’ivoire dit de Notger et les fonts baptismaux dits de Renier de Huy (dans Aachener Kunstblätter, 52, 1984, 151-186) ;
      • R. JANS, Le trésor de la collégiale Saint-Pierre à Liège (dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, 98, 1986, 333-338) ;
      • J. HENDRICK, La peinture au pays de Liège. XVIe, XVIIe et XVllle siècles (Liège, 1987) ;
      • P. HOFFSUMMER, L’étude des charpentes dans le bassin mosan en Belgique grâce à la dendrochronologie du chêne (dans PACT, 22, 1988, 69-84) ;
      • J.-L. KUPPER, L’évêque Notger et la fondation de la collégiale Sainte-Croix à Liège (dans Haut Moyen-Age. Culture, éducation et société. Etudes offertes à Pierre Riché, Paris, 1990, 419-426) ;
      • Chr. DURY, Fraternités et clergé secondaire du diocèse de Liège au Moyen Age. Contribution à la protohistoire des assemblées représentatives (dans Le Moyen Age, 96, 2, 1990, 287-316) ;
      • G. DENHAENE, Lambert Lombard. Renaissance et humanisme à Liège (Anvers, 1990).

RASSENFOSSE, Armand (1862–1934) et SERRURIER-BOVY, Gustave (1858-1910)

Catalogue de l’exposition au Musée de l’Ancienne Abbaye de Stavelot (20 juin – 20 septembre 1975) et au Service provincial des Affaires culturelles de Liège (30 septembre – 25 octobre 1975) sous les auspices du Ministère de la Culture française et du Service provincial des Affaires culturelles de Liège.

Eaux et forêts (1975)

Toutes les analyses sociales actuelles montrent que l’homme attache de plus en plus d’importance à la qualité de la vie. Ce nouveau concept d’appréciation apparaît alors que les facteurs d’agression du milieu de vie de l’homme se multiplient inconsidérément.

C’est donc en dehors des grands centres urbains et industriels que l’homme doit rechercher un équilibre plus “naturel”. Parmi les milieux naturels, les forêts constituent des îlots de désintoxication, de repos et de détente.

Plus que jamais, la forêt exerce sur l’homme un incontestable attrait : des milliers de gens envahissent nos bois pour y chercher le calme, l’air pur, le délassement, loin des soucis quotidiens.

Pour répondre à ce besoin, l’Administration des eaux et forêts s’efforce de rendre la forêt publique plus accessible par la réalisation d’équipements touristiques appropriés.

Une action en profondeur est entamée au cours de cette année 1975 pour mieux faire connaître la forêt-et les fonctions qu’elle remplit: protection des équilibres naturels, production de matière ligneuse, rôle social et récréatif.

La forêt ne pousse pas toute seule, elle constitue un ensemble vivant et fragile. Elle a été façonnée par les sylviculteurs et aménagée en fonction des besoins de la collectivité tout en visant à assurer sa pérennité.

La forêt mérite non seulement d’être appréciée mais davantage respectée. C’est dans le but de la faire connaître, d’apprendre à l’aimer et à la respecter, que la présente plaquette est conçue.

Cette forêt si belle et si multiple qui vous accueille vous demande en revanche votre intelligente attention : éviter tout ce qui pourrait l’enlaidir ou la détruire. Bienvenue en forêt !

E. CLICHEROUX, Directeur général des eaux et forêts

L’année du tilleul (1985)

Planter un arbre … Renouveler la vie

…est une action de sensibilisation du Ministère de la Région wallonne pour l’Eau, l’Environnement et la Vie rurale menée conjointement avec la R. T.B.F. et le Crédit Communal, avec la collaboration des horticulteurs de Wallonie (U.P.A.H.).

“Quand éclatent, entre le printemps finissant et l’été naissant, les rayons d’un soleil au comble de ses effets, un seul arbre semble rendre à l’astre de lumière les hommages rituels : le tilleul. Cent mille fieurs et davantage se livrent sans compter. S’approcher de la couronne, c’est entrer dans une ivresse d’odeurs. Le parfum prodigue ses huiles essentielles aux abeilles et bourdons quis’ abreuvent de nectar, en libations sans fin.
Si le vent léger fait bruire lestement le dôme feuillu l’atmosphère magique dissipera avec volupté cette évanescente ambiance. C’est un repos de l’âme et du corps qui capté par d’agiles cueilleurs, va séjourner au-delà du temps, en des sachets au pouvoir miraculeux. Est-ce pour ce climat inimitable que les tilleuls ont été plantés en point d’orgue aux paysages ?
Tantôt seuls, gardiens de lieux de culte. Tantôt alignés pour souligner la majesté des plus belles allées du monde.
S’ils sont encore le souvenir de siècles de croissance, c’est peut-être que l’on pressentit au moment de les élire leur exceptionnelle longévité.
Un tilleul, c’est un univers, tellement les images quis’ allument dans l’esprit peuvent varier. Du point ponctuant les pâturages, à l’atmosphère des beaux jours, tout est souvenir lorsque, fumante, l’infusion vient réchauffer, apporter la sérénité, réconforter avec le miel de tilleul, des vicissitudes du temps mauvais.
Fleurs et bractées recroquevillées dans leur emballage de cellophane, réminiscences, à l’image des plus belles lignes que l’on écrivit sur le tilleul, celles de Marcel Proust au rituel de la madeleine trempée dans une tisane de. . . tilleul.”

J.-P. Lebailly

Les Brèves du Moderne (n° 18, juin 2024)

En noir et blanc

En noir : décidément… “La Camarde qui ne (nous) a jamais pardonné D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez (Nous) poursuit d’un zèle imbécile” (G. Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète). Ces mots de Brassens s’appliquent particulièrement bien au Moderne, qui cette fois encore, doit dire “Salut l’artiste“, avec beaucoup de tristesse à deux de nos compagn.e.on.s de route de très longue date, Christiane Stefanski pour les partages artistiques dans notre institution, et Jean-Pierre Crenier, un de nos plus anciens membre et comédien…

Natalie, Jérôme, Léa & Marylou

Pour la suite et pour relire le poème-hommage à Christiane Stefanski paru dans notre POETICA et partagé par l’équipe du Moderne, il suffit de cliquer ci-dessous…

FRECHKOP S., Animaux protégés au Congo Belge (Institut des parcs nationaux du Congo belge, Bruxelles, 1953)

ANIMAUX PROTEGES AU CONGO BELGE ET DANS LE TERRITOIRE SOUS MANDAT DU RUANDA-URUNDI AINSI QUE LES ESPÈCES DONT LA PROTECTION EST ASSURÉE EN AFRIQUE (y compris MADAGASCAR) PAR LA CONVENTION INTERNATIONALE DE LONDRES DU 8 NOVEMBRE 1933 POUR LA PROTECTION DE LA FAUNE ET DE LA FLORE AFRICAINES AVEC LA LÉGISLATION CONCERNANT la Chasse, la Pêche, la Protection de la Nature et les Parcs Nationaux au Congo Belge et dans le Territoire sous mandat du Ruanda-Urundi, PAR S. FRECHKOP, Directeur de Laboratoire à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, et al. (Bruxelles, 1953)

Au cours de la dernière décade, les tentatives de développement économique des vastes territoires africains ont pris de telles proportions que rares sont les régions où leurs tentacules n’ont pas pénétré. Certes, on doit se féliciter d’un essor agricole et industriel dont les conditions d’existence de la communauté humaine ne peuvent que bénéficier. Mais, fasciné par les réalisations spectaculaires de l’industrie, par le mirage des gains immédiats, de l’aisance, du luxe, des facilités, ne perd-t-on pas le sens réel des choses, la notion exacte des mesures?

On ne voit plus guère dans la Nature qu’une source de profits, quelle que soit la forme de ceux-ci. Peut-être, passagèrement, s’extasie-t-on encore devant quelques-unes de ses beautés, mais rapidement l’âpreté des besoins matériels étouffe les émotions qu’elles procurent. Leur disparition est consacrée sans remords, souvent sans réflexion aussi. La Nature est, cependant, une vaste machine dont les rouages dépendent les uns des autres. Si l’on en supprime un, les autres perdent leurs fonctions et sont appelés à disparaître à plus ou moins brève échéance. On ne trouble pas impunément les équilibres naturels, auxquels toute atteinte est lourde de conséquences…

V. van Straelen (1953)

La transcription de l’introduction est disponible dans notre ENCYCLOPEDIE…

Pour lire la suite…

HAINE : Les facteurs d’instruments de musique actifs en Wallonie et à Bruxelles en 1985 (Pierre Mardaga, 1985)

HAINE Malou dir., Les facteurs d’instruments de musique actifs en Wallonie et à Bruxelles en 1985 (Pierre Mardaga, 1985)

Catalogue de l’exposition organisée dans le cadre de l’Année Européenne de la Musique 1985 par le Conseil de la Musique de la Communauté française de Belgique, grâce à l’appui du Conseil de la Communauté française de Belgique, de l’Exécutif de la Communauté française de Belgique, de la Loterie nationale et avec le concours des organismes suivants :

      • Musée instrumental de Bruxelles,
      • Ville et Province de Namur,
      • Maison de la Culture de Namur,
      • Musée de Groesbeeck de Croix,
      • uTélévision locale R.T.A. Canal C (Grand Namur),
      • Musée de Mariemont,
      • Ministère des Affaires Economiques (Administration du Commerce).

Exposition organisé du 18 octobre au 17 novembre 1985, au Musée de Groesbeeck de Croix de Namur, à l’occasion de son 50′ anniversaire. La présente brochure a été préparée en séminaire par les étudiants de 2e candidature en Histoire de l’Art et Archéologie – section Musicologie, de l’Université Libre de Bruxelles, année académique 1984-1985.

 

THONART : Auprès de quelle cour Salman Rushdie pouvait-il déposer les conclusions suivantes, pour que justice soit faite ? (Catalogue de l’expo “Le vent de la Liberté, Welkenraedt, 1994)

PDF-OCR de l’article de Patrick Thonart publié dans le catalogue de l’exposition Le vent de la Liberté (1994, Welkenraedt, BE). Plusieurs articles à ce propos sont disponibles dans wallonica.org :

BRIGODE, Simon, Les églises romanes de Belgique (extrait, Bruxelles : Editions du cercle d’art, 1943)

Antérieurement à l’ère romane, s’étend, pour l’historien de l’art, une longue période qui va des invasions barbares à la fin du Xe siècle. Dénommée préromane dans son ensemble, cette période comprend la phase mérovingienne, du Ve siècle au milieu du VIIIe, et la phase carolingienne, du milieu du VIIIe siècle aux approches de l’an 1000. L’architecture romane proprement dite couvre, chez nous, tout le cours des XIe et XIIe siècles. Elle reste fort attachée à l’architecture carolingienne durant le XIe siècle, qui peut être considéré comme une première étape du style roman en Belgique. Durant le siècle suivant, les principes esthétiques et les méthodes constructives évoluent vers un certain souci du détail architectonique et décoratif, de même que vers plus de perfection technique. C’est la seconde étape, qui. dans les régions de l’Est, se prolonge durant le XIIIe siècle, concurremment avec les premières manifestations de l’architecture gothique…

Le texte complet est transcrit dans wallonica.org…

LUBAC H. de, S.J., Le caractère social du dogme chrétien (1936)

“Dans un article récent sur Le sentiment religieux et l’école libératrice, M. Marcel Giron, faisant le procès de l’éducation chrétienne, écrivait : “Il s’agit de savoir si l’éducation doit préparer l’individu à négliger tout ce qui existe dans ce monde ? Si oui, on aboutira au développement d’un égoïsme forcené. L’homme n’aura plus qu’un souci, son salut individuel ; tant pis si les autres souffrent et si des misères sans nombre nous entourent. Et si tous les êtres adoptaient ce point de vue, le monde et les hommes n’auraient plus de raison d’exister, ‘nous n’aurions plus qu’à retourner aux déserts, à nous enfermer tous dans des cloîtres, à nous meurtrir jour et nuit…’, pour fuir I’enfer et gagner le ciel. Mais tout cela, c’est la négation même de I’humanité, de la vie en société…”. L’objection est très répandue. On la trouve longuement exposée par Gabriel Séailles dans un ouvrage qui connut un grand succès, il y a quelque trente ans, et qui est encore assez lu. Énonçant ce qu’il appelle, non sans emphase, les affirmations de la conscience moderne, Séailles oppose au chrétien ‘qui se retire de la cité des hommes, uniquement préoccupé de son salut qui est affaire entre lui et Dieu’, ‘l‘homme moderne, qui accepte le monde et ses lois avec la résolution d’en faire sortir tout le bien qu’ils comportent’. Cet homme moderne ‘ne peut se détacher des autres hommes ; conscient de la solidarité qui l’unit à ses semblables, qui l’en fait en un sens dépendant, il sait qu’il ne peut faire son salut tout seul’.
Séailles était un militant de la libre-pensée. Mais un philosophe aussi serein qu’Hamelin s’accorde ici avec lui. Au cours d’une étude sur La philosophie analytique de l’histoire de M. Renouvier, Hamelin déclare en effet que, le christianisme ayant promis le salut non aux collectivités mais aux individus, le point de vue tout individualiste où le chrétien se place en conséquence entraîne trop souvent chez lui le mépris de la justice. Car, ajoute-t-il, “il est impossible d’être juste sans accorder d’intérêt à l’ensemble actuel et à I’avenir du groupe social dont on fait partie. La justice repousse donc le pur et le strict individualisme, à la différence des doctrines de lutte pour la vie ou du détachement chrétien’.
En face de ces assertions, mettons ce simple témoignage : ‘Il y a au fond de l’Évangile la vue obsédante de l’unité de la communauté humaine‘…”

Henri de Lubac, S.J.

La suite de l’argumentation – prête à l’examen critique – est intégralement lisible dans le fichier (PDF OCR) à télécharger ici…