Journal des procès n°126 (1 avril 1988)

Le Joumal des procès vient d’absorber, par le moyen d’O.P.A., d’une  sauvagerie assurément révoltante mais efficace et que la grandeur de la cause justifie amplement [Nicolas Machiavel, le Prince, livre III, chap. 5.] l’Osservatore Romano, le Moniteur belge et le groupe De Benedetti tout entier. Pour discrètes qu’elles furent, ces opérations ne laisseront évidemment pas de produire quelques changements notables ici et là. Pour nous, la simplicité restant de règle, nous ne changerons rien à notre train de vie mais les conciles, les lois promulguées à partir de maintenant dans notre pays et sa politique industrielle vont à la fois surprendre et charmer. Nous détenons enfin le pouvoir spirituel, législatif et économique sans risque d’en être corrompus, ce que notre définition cautionne assez. Ainsi, avons-nous décidé, arrêté et décrété par exemple qu’on remplacerait dans le Code pénal le nombre de jours, mois ou années d’emprisonnement par le calcul possible du nombre d’occasions manquées de se donner des bisous, en sorte que l’horreur de la peine deviendra si patente que la prévention générale y gagnera beaucoup en matière de délits et de crimes (nous supprimons les contraventions) et inclinera par ailleurs les juges qui, pour être magistrats n’en sont pas moins des bisouteurs et des bisouteuses, à plus de mansuétude.

Fait ce 1er avril 1988 au Journal des procès.

Philippe Toussaint


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