Journal des procès n°134 (23 septembre 1988)

Ce mardi 24 septembre, les prix de la Francophonie seront remis après la compétition finale qui aura lieu le matin dans la salle des audiences solennelles de la Cour de cassation. Cette année, en effet, c’était à l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles et à la Conférence du jeune barreau de Bruxelles qu’il revenait d’organiser le 11ème prix de la Francophonie. Le bâtonnier Edouard Jakhian et le président Charles Verbruggen s’y sont employés avec un grand bonheur.
Les récompenses ne sont pas minces, car l’honneur est grand et le barreau de Marseille offre au premier lauréat la somme de trente mille francs – français – et l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles ainsi que la Conférence du jeune barreau de Bruxelles cent cinquante mille francs – belges – au deuxième lauréat.
Il est difficile, lorsqu’on livre ces informations, de ne pas, à la fois, se féliciter du succès de ce prix et d’être embarrassé par la lourdeur des expressions qu’on est forcé d’utiliser. “Francophonie” n’est guère racinien, “Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles” aurait surpris Molière et Corneille qui, en cette occasion au moins, n’eussent fait qu’un.
Nous savons tous que les langues évoluent et c’est dans la mesure où il est vivant que le français d’aujourd’hui n’est plus celui de Racine et de Molière. Le génie
que Malherbe allait chercher aux halles de Paris et que Proust repérait chez Françoise n’a plus rien de populaire. Il y a un Ordre français du barreau de Bruxelles tout bêtement parce qu’il y a aussi un Ordre flamand, et on dit “Francophonie” parce que le Canada, la Suisse et la Belgique ne sont pas la France. C’est convaincant, mais un peu plat…

Philippe Toussaint


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