Cette estampe sur bois est peut-être la plus ancienne du genre. Elle serait antérieure à 7423 et aurait été tirée, soit en Allemagne, soit dans les Pays-Bas. Elle a cette singularité d’être sur papier de coton non collé, en sorte que I’impression I’a traversée à ce point qu’on la voit presque aussi bien à l’envers qu’à I’endroit.
Cette estampe coïncide avec la vulgarisation en Europe du papier de chiffe (de l’allemand chipe) sans lequel I’estampage était à peu près impossible, sauf sur étoffe. Cet art d’imprimer sur étoffe était déjà en usage en Chine, dès l’an mille semble-t-il, mais on peut aussi remonter à l’Egypte antique. Ainsi, une fois encore, le problème de l’origine d’une technique débouche-t-il sur des discussions sans fin, aucune découverte de cet ordre ne pouvant être datée précisément.
Il n’importe point peu, car les gravures sur bois du début du XVème siècle ont sans doute suggéré aux artistes de cette époque d’obtenir les reproductions de leurs œuvres à plusieurs exemplaires par d’autres procédés, par exemple la gravure sur métal. Dans le premier cas toutefois, I’empreinte venait des parties en relief de la planche et, dans le second, des creux. Épineuse question ! Pas plus en somme que l’énigme de notre estampe où la fermeté du dessin se marie à la naïveté en même temps qu’à la hardiesse…
Philippe Toussaint
JOURNAL DES PROCÈS n°339
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