CARTE POSTALE : Sortie du film Modus Operandi de Hugues Lanneau (2008)

Sortie dans les salles du film de Hugues Lanneau : Modus Operandi (La déportation des juifs de Belgique) (2008)


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Les fonds qui manquent le moins…

CARTE POSTALE : C’est des préjugés qu’il faut avoir peur (FWB)

Une carte engagée de la Fédération Wallonie-Bruxelles : vivre-ensemble, d’abord…


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CARTE POSTALE : Viens à Liège, on a des gaufres (visitezliege.be)

Une publicité touristique de la Région wallonne de Belgique : en-dessous de la ceinture…


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CARTE POSTALE : Candy is dandy but Sex won’t ruin your Teeth !

Carnaby Street humor ?


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Les fonds qui manquent le moins…

CARTE POSTALE : Campagne Entretemps

Une librairie liégeoise avait en son temps lancé une campagne promotionnelle satirique en faveur des libraires indépendants : “Soutenir les libraires indépendants, c’est soutenir les éditeurs indépendants.” Les cartes postales représentaient des célébrités de l’époque, brandissant un livre dont le titre évoquait ironiquement leur réputation. Un texte était mis en évidence : “Nous finirons bien par trouver le livre qui vous convient.” Osé, trop osé ? A vous d’en débattre…

Carte postale satirique montrant l’acteur Gérard Depardieu qui brandit un livre : “Le dernier stade de la soif”…

“Féminismes pluriels”

“La bibite à Bon Dieu”

“Bob et Bobette : Le chevalier errant”

“Sale temps pour Oui-Oui”

Pierre Desproges : “Encore des nouilles”

Conrad et Paul : Couilles de taureau

Et au verso de chaque carte…

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Journal des procès n°096 (12 décembre 1986)

“Celui-là, vous le tenez. Vous le tenez à la gorge !… Vous  pouvez I’envoyer à la guillotine…”

Nous citons de mémoire les premiers mots de la plaidoirie de l’avocat Badinter, il y a quelques années, (si peu !…) pour Patrick Henry, assassin d’un jeune garçon qu’il avait enlevé pour rançonner ses parents. Crime tellement odieux que le procès n’en avait plus qu’un sens : pour ou contre la peine de mort.

Cette peine, avait plaidé Robert Badinter, et il devait tenir parole comme ministre de la Justice, sera abolie ! Quelques-uns d’entre-vous ont des enfants. Ils vous demanderont, plus tard : ‘Tu étais juré au procès de Patrick Henry ?’ et alors, vous verrez leur regard !

Chantage. Terrorisme. Infernale pression exercée sur d’honnêtes citoyens, mais la défense a tous les droits, I’horreur de la peine de mort justifie tout ! Ce chantage, ce terrorisme, pourtant, aujourd’hui se retournent. Au procès d’Action directe, à Paris, l’un des accusés menace de mort jurés et magistrats, paralysant la Justice, chaque juré – qui pourrait exiger d’eux un courage civique proche de l’héroïsme ? – s’éclipsant.

On ne reconnaît plus l’arbre à ses fruits. Le ver est dans tous les fruits quand on adopte certaines méthodes.

Philippe Toussaint


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Journal des procès n°317 (27 décembre 1996)

Voici venu le temps des baisers, donnés on dérobés, jamais volés, baisers de l’an toujours nouveau que cette enluminure du XIIIe siècle nous restitue et nous annonce tout à la fois. Rien n’a changé, ni la fringante ardeur de qui donne ou dérobe, ni la réserve étonnée mais non surprise de la dame, ni le regard réprobateur de la vioque (il y a aussi des viocs !) dont on peut s’amuser à deviner ce qu’elle confie à sa voisine. Est-ce : “Il aurait pu se raser de plus près !” ou “Mais ma parole, il bande !“, ou encore : “Moi qui vous cause, les hommes, je sais ce qu’en vaut l’Aune !” ?

Nos souhaits aux lecteurs du Journal des procès s’inspireront de cette belle image (censée représenter Sainte Hélène qui aurait été une fille d’auberge, pour qui le père de l’empereur Constantin appéta vivement, l’épousant sur l’heure après lui avoir fait troquer le coutil contre du brocart, et lui faisant dare-darc un joli petit enfant, lequel… Voyez les Bollandistes !)

Embrassez-vous, embrassez-vous, il en restera toujours quelque chose de supérieurement estimable ! Ne craignez point les regards de ceux que vitupérait avec tant de raison Georges Brassens, car les baisers donnent immanquablement une petite gueule bien sympathique…

C’est l’époque, c’est l’heure, c’est l’instant où les rois mages n’apportent pas seulement de l’or, de la myrrhe et de l’encens, toutes choses périssables et négligeables, mais une hotte de baisers donnés ou dérobés : échangés, c’est encore mieux !

Philippe Toussaint


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Journal des procès n°313 (1 novembre 1996)

Rien n’est plus beau que la façade de la Badia Fiesolana, cette ancienne abbaye bénédictine romane de marbres blancs, gris et verts, à quelques kilomètres de Florence, devenue aujourd’hui le siège de I’Université européenne. L’équilibre de cette construction est fascinant car complexe. Ce n’est pas par hasard, par exemple, que dans le deuxième rectangle, à gauche, au niveau supérieur, se trouve un croissant de marbre vert, d’un vert qu’aucune reproduction ne trahit et comme on n’en trouve, je crois, qu’à Prato. A première vue, ce croissant est insolite, voire importun, tandis qu’il avertit en quelque sorte, comme parfois certaine note de musique longtemps gardée au début d’un morceau d’orchestre, isolée et initiatique. Ce croissant vert met l’accent sur le jeu des couleurs de la façade et sur le rythme d’autant plus savant qu’on le prendrait d’abord pour simple, presque enfantin, au lieu qu’il est possible de méditer devant la Badia Fiesolana jusqu’à se saouler de sa beauté, comme d’un poème mystérieux (tous les grands poèmes le sont) ou d’une musique, d’une mélodie qui, pour Lévi-Strauss, est l’ultime clef de l’homme.

Il suffit ensuite de faire quelques pas pour aller faire l’amour avec sa belle dans les fourrés, non sans découvrir de ces hauteurs de Fiesole, la vallée de l’Arno, la ville de Florence, la chaîne des Apennins et, dans le lointain, les montagnes de Carare. En un mot, là où il faisait si bon prendre ses vacances quand ce n’êtait pas encore hors de prix.

Philippe Toussaint


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Journal des procès n°341 (29 janvier 1998)

La gravure que nous reproduisons en couverture nous montre deux manières qu’on avait de procéder autrefois à l’épreuve de l’eau. On dépouillait l’homme ou la femme suspectés d’un crime, on leur liait le pied droit à la main gauche et le pied gauche à la main droite ; on les jetait alors dans un tonneau rempli d’eau ou dans une rivière. S’ils allaient au fond, ils étaient reconnus innocents (et on les repêchait) mais s’ils ne s’enfonçaient pas, ils étaient réputés coupables.

“Cela fe faifoit” lit-on chez un vieil auteur “devant bien du monde ; & l’on ne peut raisonnablement douter des faits rapportez, comme ils le font, par un grand nombre d’Auteurs. Il n’y a pas lieu non plus de douter, fi l’effet était naturel, ou non. On convenoit, & il eft affez évident, qu’il y avoit du surnaturel dans l’expérience. Lors qu’un homme étoit éprouvé pour plufieurs crimes, dont il était soupçonné, on le voyoit tantôt s’enfoncer dans l’eau, & tantôt furnager, felon qu’il étoit innocent ou coupable de ces diverfes fautes ; c’eft pourquoi on réiteroit plufieurs fois l’épreuve (…) On voyoit des perfonnes qui fçachant qu’elles enfonçoient dans l’eau, fe préfentoient hardiment à l’épreuve, & fe trouvoient enfuite bien furprifes, de fe voir demeurer fur l’eau malgré qu’elles en euffent.”

On prenait donc Dieu à témoin : Il n’allait tout de même pas permettre qu’un innocent surnage ! Dans le même temps, on était parfois bien ennuyé. Une femme dont les preuves avaient été rapportées qu’elle avait empoisonné plusieurs personnes, condamnée à être jetée dans une rivière, une corde au cou et au bout de la corde une grosse pierre, surnagea tranquillement, en sorte que I’exécution se transforma en épreuve et qu’elle fut proclamée innocente, comme on peut le lire dans un manuscrit du douzième siècle de l’église de Laon, qui parle tout uniment d’une preuve qui se fit “Juridiquement & devant le monde.” Savoir si le juridique et la publicité font paroles d’Évangile ?

Philippe Toussaint


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Journal des procès n°330 (27 juin 1997)

Dans ce petit groupe que nous formons, nous savons que sa qualité d’angle était la simplicité. Ce grand esprit qui s’est éteint, ce cœur qui a cessé de battre n’attachaient nulle importance à ce qui anime si souvent ceux que pourtant il ne méprisait pas, parce qu’il ne méprisait personne. L’humour était son arme, mais si supérieurement réservé qu’on ne pouvait en prendre ombrage.

Il serait superflu de dire à quel point nous mesurons notre perte et que notre société civile, politique, savante devrait se souvenir amèrement que celui qui fut un des plus écoutés ne fut presque jamais entendu. Ce n’est pas l’objet de cette brève méditation mais plutôt que Robert Henrion hissait ses interlocuteurs au-dessus d’eux-mêmes, leur indiquait ce qu’ils pourraient être s’ils en avaient le courage, la générosité, la lucidité. Quoi d’autre, sinon l’amour de son épouse, Marlise, de sa fille, de ses fils, et cette éternelle sauvegarde, le travail ?

Sa mort, peu le savent, fut un exemple de dignité, de tendresse aussi, l’une n’allant pas sans l’autre. Secoué d’une poigne de fer par le mal, il conservait sur son lit d’hôpital la grandeur d’un homme dont l’existence avait un impératif absolu : élaguer, élaguer ce qui est vanité. Dur combat que le doute n’effleura point : jusqu’à la fin, il souriait.

Il n’aurait eu ni le goût ni même peut-être la patience que nous le lui disions, mais sans lui Le Journal des procès ne serait pas, ou ne serait que sa caricature. Il en fut tout de suite le président d’honneur et le collaborateur assidu, ne compta ni son aide, de toute nature, ni son engagement. Ne demandant jamais rien, exigeant moins encore, il nous hissait, nous aussi, au-dessus de nous-mêmes par les moyens les plus puissants parce que les plus discrets, un silence comme hésitant, une infime inflexion de voix…

Nous le verrons et l’entendrons ici jusqu’à ce que la plume nous tombe des mains.

Philippe Toussaint


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