VERBRUGGEN : Catalogue de l’exposition Noël en Ardenne (Charleroi, 1996)

Hiver en Ardenne

Noël en Ardenne. Les formes fantomatiques de quelques bouleaux dénudés divisent l’espace. Des épicéas, rassemblés en une masse compacte et sombre, forment écran sur fond de collines. Des cordes de bois attendent le long d’un sentier enneigé. Quelques fermes cherchent frileusement à s’abriter autour d’une église. Un vaste champ étend sur toute sa surface enneigée la fragilité intense d’une blancheur immaculée. Un coupe-feu que le passage des débardeurs a rendu boueux est devenu impraticable : voilà quelques paysages d’hiver observés en leur isolement et transposés par des peintres de l’Ecole Liégeoise du Paysage.

Une exposition thématique est bien le moyen le plus adéquat pour illustrer clairement l’extrême diversité qui, à cause de la liberté d’expression et les subtilités des techniques employées, résulte nécessairement de toute création artistique.

Partant d’une source d’inspiration partagée, chaque artiste improvise, chacun usant à sa guise des moyens conformes à l’intention à réaliser. Comme dans un duel, chaque peintre se réserve jalousement le choix des armes. La plus large diversité est de mise.

De ces multiples variations sur le même thème ne peuvent résulter qu’une hétérogénéité éminemment disparate, ainsi qu’une pluralité surprenante de subjectivités diverses, toutes exprimées de manière plus ou moins exacerbées. Tel peintre se contentera de reproduire, avec une fidélité plus ou moins relative, un coin jugé particulièrement pittoresque. Un autre tentera, à travers la vision d’un refuge forestier, de transposer ses hantises ou ses besoins d’isolement. Pour tel autre encore, le paysage sera prétexte ou support.

Déterminons plus concrètement le sujet, ce paysage à transposer sur la toile. Evitons surtout de confondre les notions, d’amalgamer la fin et la manière, de mêler le résultat recherché aux moyens d’y parvenir. Il s’agit bien de se rendre compte que, même pour un peintre, simplement soucieux de reproduire avec minutie le charme inhérent d’un coin pittoresque (l’orée d’un bois, un étang, une falai-se, une vue panoramique), ce ne sont ni les arbres, ni les collines ou les berges d’un ruisseau qui, à eux seuls, constituent l’essence du paysage. Au-délà de ces éléments mélangés, il s’agit d’un espace à rendre : une étendue géographiquement limitée, un ensemble, hétéroclite certes mais cohérent et harmonieux, animé par les arbres et les collines et traversé, éventuellement, par un cours d’eau. Outre ces composantes-là, cet espace possède sa luminosité propre, son relief, sa profondeur, ses nuances vivifiantes, sa végétation caractéristique, bref une identité que, dans une succession de plans renforcés par les tonalités dominantes, des ombres et des valeurs, l’artiste devra réduire aux deux dimensions de son tableau. En y ajoutant, inévitablement, les acquis de sa propre subjectivité.

Sous le pinceau de Ferdinand Khnopff, maître symboliste renommé séjournant fréquemment à Fosset, au nord d’Amberloup, l’eau étale de l’étang du Ménil n’était nullement une eau morte. A travers la vision familière du domaine familial, le peintre rend perceptible le frimas matinal, projettant ainsi dans une oeuvre aux apparences réalistes, cette mélancolie accablante qui, renaissant sans cesse d’une égocentrique lassitude, ne le quitte jamais.

A l’opposé de celui-ci, Lucien Hock, dans ses paysages fagnards, transposa douloureusement la vacui-té des hauts plateaux qui bordent les tourbières. Il accentua à plaisir la noirceur des sapins, visiblement plus sombres qu’ailleurs, pour qu’ils forment écran et lui permettent ainsi de parachever une insolite et manifeste théâtralité.

Plus distant, comme s’il se contentait de rechercher uniquement l’objectivité du lieu, Paul Lepage peint le chemin creux que le charroi a défoncé. Au-delà d’un semblant de froideur, il exprime, presque malgré lui, une douce sentimentalité, qui, si elle demeure à fleur de peau, n’en est pas moins désarmante et bénéfique.

Originaire de Flandre, Evariste Carpentier se souviendra des leçons d’Heymans et Claus. Il côtoya longuement les impressionistes français, dont Monet, qui engendrèrent, chez lui, une nouvelle vision. Traitant le paysage dans une optique délibérément impressionniste, il sera, indéniablement, le pré-curseur belge de ce mouvement. Prônant les théories luministes et incitant ses élèves à se préoccuper davantage des phénomènes visuels et des problèmes de luminosité, il débarrasse, définitivement croit-il, la peinture liégeoise de la grisaille et des contours.

Ainsi, face au paysage choisi, tous établissent avec celui-ci des liens différents. Ne fut-ce que pour certains, tel Richard Heintz, dans le but avoué d’aller à l’extrême et de se dépasser toujours davantage. Bien avant que ne fut pratiqué véritablement [et presque exclusivement) cet art du paysage, né avec l’impressionnisme, les règles principales qui allaient le régir préexistaient déjà. Bruegel, en son temps, pressentait les possibilités multiples de l’environnement familier, visualisé en ses variations saison-nières bien connues. Sachant que ces moyens étaient susceptibles de participer à son art basé sur la narration et la communication, il avait, dans son célèbre tableau Le dénombrement de Bethléem, créé admirablement une singulière vision d’ensemble. Ayant transposé la Judée biblique en terre brabançonne, il avait magistralement concrétisé une étonnante impression de ferveur en marche sur fond de blancheur hivernale. Au-delà de cette transposition, il avait cherché à convaincre ses contempo-rains que la transhumance humaine provoquée par les vicissitudes juridiques d’un dénombrement imposé par une autorité étrangère, devait être considérée comme un bain de jouvence, prélude à une renaissance due à une ère nouvelle.

La présente exposition fut réalisée par la juxtaposition nécessairement arbitraire de deux notions aisément rapprochées : Noël [hiver, froidure, isolement) et Ardenne [la définition géographique englobant dans ce cas, outre la région située au sud de Liège, les solitudes fagnardes à l’est de cette ville).

Jacques Goijen, collectionneur, découvreur, organisateur infatigable d’expositions concernant la peinture dite de l’École Liégeoise du Paysage, n’en est certes pas à son premier essai en ce domaine. Usant des multiples possibilités que les expositions thématiques mettent à sa libre disposition, il rassemble judicieusement quantité d’oeuvres éminemment dissemblables et que seul un fil conducteur, fut-ce un lien ténu, relie entre elles. Procédant de la sorte, provoquant des voisinages insolites et des rencontres plus ou moins fortuites, il aiguise la curiosité, voire la complicité active du spectateur. Par ce truchement, il force ce dernier à prêter davantage attention aux différenciations, aux subtilités du langage pictural, aux techniques, aux nuances, aux différences d’interprétation ou de transposition, bref au style sinon à l’unicité des compositions mises en exergue.

Ce moyen lui permet surtout de faire partager avec d’autres amis, les joies enthousiasmantes, bien réelles et pourtant peu définissables, de la découverte. Un simple aveu de ma part explicitera peut-être plus concrètement ce propos que ne le feraient une argumentation spécieuse ou une dialectique rigoureuse : chaque nouvelle exposition mise en place par Jacques Goijen, m’a permis de découvrir des auteurs inconnus, des valeurs insoupçonnées. Toutes m’ont permis, au-delà du plaisir esthétique ressenti, de rendre justice à quelque peintre dont l’oeuvre fut, après sa mort, bien injustement mise sous le boisseau.

Dans ce contexte précis, je n’hésite pas à citer volontiers les noms de Ludovic Baues, Joseph Bonvoisin, Emmanuel Meuris, Robert Nibes, Louis Thérer ou Fernand Vetcour, me contentant d’énumérer ces quelques noms sans vouloir établir une quelconque gradation dans les talents ou les valeurs. Prétendre que cette liste n’est en rien limitative, relèverait seulement du pléonasme ! Il va également de soi que je ne concède nullement aux seules expositions précitées, l’admiration due aux oeuvres de Heintz, Jamar, Donnay, Mambour, Pasque ou Scauflaire, même s’il est hautement réjouissant de retrouver, de temps à autre, en si heureuse compagnie, des compositions plus ou moins inédites de ces maîtres, dont plus personne n’ignore encore l’importance.

Noël en Ardenne. Des tourbières fagnardes entourent de leurs solitudes une croix esseulée, indiquant ainsi l’endroit précis où disparurent des fiancés légendaires. Neiges en hiver sur fond de collines estompées par les bancs de brouillard qui traînent. Paysages captés en leur âpreté par des peintres désireux de transposer ainsi le reflet de leur propre désarroi. Entre l’arbre sans feuilles et l’autre rive de l’étang nocturne, les glaces de l’embâcle se disloquent. Une lumière étrangement diffuse accentue le côté tragique d’une vision hivernale. La saison d’hiver a de ces démesures.

Dans un livre auquel j’avais collaboré avec lui, Omer Marchal avait écrit : “Mon Ardenne à mot, l’Ardenne d’un Ardennais ordinaire : un petit pays immense où tout se passe en une vie. Dire l’Ardenne, c’est dire forêt. Un terroir noir, sans aménité.”

Il y a quelques jours, comme sur la pointe des pieds, Omer Marchal nous a quitté pour s’en aller au pays de son père où, d’après Verlaine, les bois sont sans nombre … Qu’il nous soit permis d’évoquer une franche amitié et de dédier ce texte à sa mémoire ardennaise.

Jo Verbruggen (10 novembre 1996)

Pour en voir plus…

Les artistes présentés

      • ABSIL Félicien
      • BONVOISIN Joseph
      • CAMBRESIER Jean
      • DELFOSSE Joseph
      • DELSAUX Jérémie
      • FABRY Lucy
      • FAISANT Luc
      • FAUFRA Roger
      • FRANCOIS Jean
      • HANSOTTE Gaston
      • HEINTZ Richard
      • HUQUE Ivan
      • IGOT Andrée
      • JACOBS Dieudonné
      • JAMAR Armand
      • LIARD Robert
      • MARTINET Milo
      • NIBES Robert
      • PASQUASY Emile
      • PRINCE Ferdinand
      • THEATRE Henri
      • THERER Louis
      • THEUNISSEN Paule
      • VETCOUR Fernand

PROPAGANDE RELIGIEUSE : Le film de votre vie…

[CNRTL.FR] PROSÉLYTISME, subst. masc. RELIG. Zèle déployé pour répandre la foi, pour faire des adeptes, des prosélytes ; p.ext., souvent péj., zèle déployé pour convertir autrui à ses idées, pour tenter d’imposer ses convictions. Esprit de prosélytisme.

C’est seulement quand il persistait dans sa résolution que le rabbin, à condition d’être convaincu que l’impétrant n’avait que des mobiles purs et désintéressés, pouvait l’admettre dans le giron de la synagogue. Cette réserve, en matière de prosélytisme, provient du caractère même du judaïsme.

Weill, Judaïsme, 1931, p.204

Mais les philosophes sont justement des hommes qui font du prosélytisme. Il n’est pas besoin d’être membre d’un club pour répandre une propagande

Nizan, Chiens garde, 1932, p.79

Rien ne me choque plus que le prosélytisme et ses moyens, toujours impurs.

Valéry, Variété V, 1944, p.89


[CHICK.COM traduit par IA] “LE DESSINATEUR DE DIEU. Fraîchement sorti de l’armée américaine en 1948, un jeune dessinateur de bandes dessinées, fumeur invétéré et au langage coloré, nommé Jack Chick, devint chrétien après avoir entendu un message évangélique à la radio pendant sa lune de miel. Désormais, il voulait en parler au monde entier, mais comment ? Il savait qu’il ne pouvait pas le faire en personne avec tout le monde.

Les tracts dessinés CHICK ratissent manifestement large : faites votre choix… © chick.com

LA NAISSANCE DU PREMIER TRACT CHICK. Jack Chick se sentit interpellé en voyant un groupe d’adolescents traîner sur un trottoir. Bouleversé, il arrêta sa voiture. Ce qu’il voulait leur dire se forma dans son esprit, et en quelques minutes, il s’assit et écrivit son premier tract destiné à sauver des âmes : Le Cauchemar d’un Démon. C’est ainsi qu’est née la VISION des Publications Chick : partager avec le plus grand nombre possible la merveilleuse bonne nouvelle que Jésus sauve du péché. Dieu avait aligné tous les facteurs : l’amour de Jack pour le dessin de bandes dessinées, son sens dramatique pour raconter une bonne histoire, sa gratitude pour avoir été sauvé du péché, sa connaissance croissante de la Bible, un environnement favorable aux affaires et une technologie d’impression efficace. Cinquante ans plus tard, des gagneurs d’âmes en première ligne, partageant cette vision, ont semé la planète avec des centaines de millions d’exemplaires des tracts évangéliques directs et percutants de Chick. Les Publications Chick ont reçu des témoignages du monde entier. Des suicides ont été évités de justesse. Des pères rebelles sont retournés auprès de leurs familles. Des vies sans but sont devenues celles de pasteurs dévoués. Des prisonniers amers et en colère ont été brisés par l’amour. La liste est infinie…”

Les Publications Chick sont surtout connues pour leurs tracts illustrés. Des tracts évangéliques que les gens aiment vraiment lire ! Ces tracts évangéliques sous forme de bandes dessinées sont disponibles en plus de 100 langues et rencontrent un immense succès, avec plus d’UN MILLIARD d’exemplaires vendus !

chick.com


Découvrez une de ces brochures dessinées que les missionnaires évangélistes n’ont pas encore eu le temps de déposer dans votre boîte aux lettres. Philosophes et linguistes, étudiants en communication ou en marketing vous ne manquerez pas d’y trouver votre bon plaisir :

CLERDENT : Cheminement belge du TGV européen (1990)

“Il aura fallu plus de cinq ans à nos Gouvernements pour arrêter officiellement, à la fin du mois de janvier [1990], l’itinéraire du TGV-Nord dans notre pays. La décision est sans surprise ; elle se dissimulait déjà entre les lignes de l’accord du 10 mai 1988 ; de nombreux signes l’annonçaient de plus loin encore. Pendant cinq ans, l’IRI [Innovation et Reconversion Industrielle, asbl] s’est employée sans relâche à faire triompher la solution digne de l’Europe et conforme aux intérêts nationaux. Le plan gouvernemental en est parfois loin quoique des points essentiels soient acquis. La situation qui en résulte, vaut d’être examinée d’autant plus qu’un dossier, même clôturé, n’est jamais achevé.

Ces pages ne sont pas un manifeste, encore que l’IRI qui a lutté au nom des forces économiques liégeoises pour que le TGV passe par Liège et s’arrête à la gare des Guillemins, puisse se réjouir d’avoir, sur ce point, obtenu gain de
cause.

Ce n’est pas, non plus, une contribution – qu’il eût fallu détailler considérablement – à l’histoire du dossier, bien que des faits singuliers, l’éclairant d’un jour très caractéristique, aient été relevés au hasard des circonstances.

Ce n’est pas, enfin, une radioscopie de l’exercice du pouvoir dans notre Etat
fédéral quoiqu’on ne puisse ignorer combien la décision finale du Gouvernement durcit les horizons régionaux et accuse son impuissance à les dépasser, à dégager les besoins d’une grande idée et à y répondre.

Non, ces quelques pages n’ont rien de polémique ni d’aussi ambitieux. Elles sont une réflexion sur un fait important de notre temps et un ultime appel au bon sens pour le mieux comprendre.”

Pierre Clerdent, Président de l’I.R.I.

Pour tout savoir :


[d’après CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE] Pierre CLERDENT 5Liège 29/04/1909, Chaudfontaine 11/06/2006). Docteur en Droit de l’Université de Liège (1934), collaborateur de Paul Tschoffen et avocat près de la Cour d’Appel de Liège (1934-1945), il devient le secrétaire particulier du ministre Antoine Delfosse (1939). Délégué du ministre à l’INR et directeur du Comité permanent de la radio belge (1940), réfugié en France, il rentre au pays (été 1940) et fonde l’Armée de Libération dont il devient le chef national.

“Max” © cegesoma

Colonel de Résistance, président de l’Union nationale et du Conseil national de la Résistance, résistant de premier plan, Pierre Clerdent alias « Max » est désigné en 1943 par le gouvernement belge à Londres, comme administrateur de la Radiodiffusion nationale belge en territoire occupé. Le 4 septembre 1944, il lui revient l’honneur d’inaugurer les ondes libérées.

Présent au Congrès national wallon d’octobre 1945, P. Clerdent est sensible aux problèmes économiques de la Wallonie, participe à l’expérience politique de l’UDB et contribue à la naissance et au développement du Conseil économique luxembourgeois au moment où il est nommé gouverneur du Luxembourg (1946-1953), avant de devenir le gouverneur de la province de Liège (1953-1971). Durant plus de 25 ans, il anime le Comité européen pour l’aménagement de la Meuse et des liaisons Meuse-Rhin. Il contribue à la fondation de la SPI (Société provinciale d’Industrialisation) et prend la responsabilité d’organiser une consultation populaire auprès des habitants des six communes de Fourons (28 octobre 1962).

En 1971, Pierre Clerdent démissionne de son poste de gouverneur pour des raisons de santé. Après plusieurs mois de convalescence, il devient le président du conseil d’administration de la SA Cockerill (1971-1981) et celui de l’Union minière et industrielle (1973-1990). Alors que viennent d’être votées les lois d’août 1980, Pierre Clerdent se présente à 72 ans sur les listes du PRL au Sénat, où il est directement élu (1981-1987). Il siège également au Conseil régional wallon où son parti est l’une des composantes de la majorité (1981-1987). En décembre 1981 comme en novembre 1985, Pierre Clerdent préside l’assemblée wallonne en tant que doyen d’âge.

Sénateur coopté (1988-1991), il ne siège plus dans les assemblées fédérées. Parmi les nombreux dossiers dont il eut à s’occuper ressort sa volonté de désenclaver la Wallonie et de l’inscrire dans les grands réseaux de communication européens. Sa défense passionnée en faveur du passage et de l’arrêt du TGV à Liège en témoigne.

Paul Delforge, Institut Jules Destrée

STALINE J., Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique (1938, Moscou, 1954)

NOTE DE L’EDITEUR

La présente traduction de l’ouvrage de J. Staline Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique est conforme à la dernière édition russe (Editions politiques d’Etat, Moscou, 1953).


Le matérialisme dialectique est la théorie générale du parti marxiste-léniniste. Le matérialisme dialectique est ainsi nommé parce que sa façon de considérer les phénomènes de la nature, sa méthode d’investigation et de connaissance est dialectique, et son interprétation, sa conception des phénomènes de la mature, sa théorie est matérialiste.

Le matérialisme historique étend les principes du matérialisme dialectique à l’étude de la vie sociale ; il applique ces principes aux phénomènes de la vie sociale, à l’étude de la société, à l’étude de l’histoire de la société.

En définissant leur méthode dialectique, Marx et Engels se réfèrent habituellement à Hegel, comme au philosophe qui a énoncé les traits fondamentaux de la dialectique. Cela ne signifie pas, cependant, que la dialectique de Marx et d’Engels soit identique à celle de Hegel. Car Marx et Engels n’ont emprunté à la dialectique de Hegel que son « noyau rationnel » ; ils en ont rejeté l’écorce idéaliste et ont développé la dialectique en lui imprimant un caractère scientifique moderne.

« Ma méthode dialectique, dit Marx, non seulement diffère par la base de la méthode hégélienne ; mais elle en est même l’exact opposé. Pour Hegel, le mouvement de la pensée, qu’il personnifie sous le nom de l’Idée, est le démiurge de la réalité, laquelle n’est que la forme phénoménale de l’Idée. Pour moi, au contraire, le mouvement de la pensée n’est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l’homme.» (K. Marx : Le Capital, t. I, postface à la deuxième éd. allemande.)

J. Staline

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LENINE V., Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme (1913, Moscou, 1954)

NOTE DE L’EDITEUR

La présente traduction de l’ouvrage Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme est conforme au texte du tome 19 de la 4e édition des Oeuvres de V. Lénine, préparée par l’Institut Marx-Engels-Lénine-Staline près le Comité Central du P.C.U.S.


La doctrine de Marx suscite, dans l’ensemble du monde civilisé, la plus grande hostilité et la haine de toute la science bourgeoise (officielle comme libérale), qui voit dans le marxisme quelque chose comme une « secte malfaisante ». On ne peut pas s’attendre à une autre attitude, car dans une société fondée sur la lutte des classes, il ne saurait y avoir de science sociale « impartiale ». Toute la science officielle et libérale défend, d’une façon ou de l’autre, l’esclavage salarié, cependant que le marxisme a déclaré une guerre implacable à cet esclavage. Demander une science impartiale dans une société fondée sur l’esclavage salarié, est d’une naïveté aussi puérile que de demander aux fabricants de se montrer impartiaux dans la question de savoir s’il convient de diminuer les profits du Capital pour augmenter le salaire des ouvriers.

Mais ce n’est pas tout. L’histoire de la philosophie et l’histoire de la science sociale montrent en toute clarté que le marxisme n’a rien qui ressemble à du « sectarisme » dans le sens d’une doctrine repliée sur elle-même et ossifiée, surgie à l’écart de la grande route du développement de la civilisation universelle. Au contraire, Marx a ceci de génial qu’il a répondu aux questions que l’humanité avancée avait déjà soulevées. Sa doctrine naquit comme la continuation directe et immédiate des doctrines des représentants les plus éminents de la philosophie, de l’économie politique et du socialisme.

La doctrine de Marx est toute-puissante, parce qu’elle est juste. Elle est harmonieuse et complète…

V. Lenine

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LES BRINDILLES ET LES RAYONS : projet ARBRES AU CENTRE (2024)

As-tu déjà pensé à regarder les arbres de ta rue ?

Arbres au Centre est un projet qui met en lumière l’arbre urbain. Il invite à prendre le temps d’observer et de ressentir les arbres – personnalités multiples, uniques et non interchangeables – qui font le visage de la ville. Renouer avec nos propres histoires d’arbres, c’est entrer dans le temps long, dans nos profondeurs.

La période électorale étant concomitante avec notre action, nous interrogeons aussi les pouvoirs publics. Nous souhaitons que l’attention soit portée à persévérer dans la dynamique de plantation, en accordant de vrais espaces pour que les arbres d’envergure puissent se déployer en sous-sol comme au grand air ; mais aussi à préserver et soigner scrupuleusement le patrimoine inestimable constitué par les arbres anciens. L’action de ces doyens pour capturer du carbone et rafraîchir la cité reste sans commune mesure avec celle de très jeunes arbres encore frêles et fragiles.

Le présent recueil rassemble une sélection d’images et de textes dédiés à l’arbre urbain faisant suite à notre appel à participation au printemps 2024. L’ensemble des propositions réunies sera mis à l’honneur durant les mois d’été 2024 par le biais d’un affichage massif aux fenêtres d’habitations privées, de vitrines commerciales, dans les lieux culturels et sur des espaces d’affichage public souvent délaissés (plus particulièrement les colonnes Morris). Cette action poursuit l’idée de créer des petits coins de forêts inattendus et plantations surprenantes dans toute la ville. Notre ultime volonté est de susciter le débat public. […] Merci à Art au Centre, qui soutient activement le projet et nous permet de nous infiltrer dans sa dynamique de revitalisation du centre-ville de Liège…”

Les brindilles et les rayons

Parmi les contributeurs : Véronique Alain, AnSo Arnould, Marianne Baibay, Aurélie Bastin, Brigitte Ber, Delphine Bouhy, Boumboum James, Christiane Bours, Jean-Paul Brohez, Damien Bulthuis, Vincent Cornerotte, Olivier Cornil, Joao Costa Leal, Catherine Daele, Caroline Dallons, Laurent Danloy, Morgane Dawans, Cora Debain, Thomas Defourny, Corinne Donnay, Sandrine Dryvers, Daniel Dutrieux, Florence Evrard, Camille Feldmann, Fifi, Lyse Fouarge, Raymond François, Christophe Gilot, Sophie Goblet, Pierre Gonda, Jean-Marie Graas, Stéphanie Grisard, Emilie Hennen, Benjamin Hollebeke, Alain Janssens, José Kehl, Ray Kervan, Manu Kodeck, Marie Lechat, Jean-Luc Lepiece, Karel Logist, Lilly Lulay, Denis Maessen, Yves Mahiels, Paul Mahoux, Thomas Mailleux, Marine Mako Koenig, Simon Médard, Seeta Muller, Philippe Musch, Annick Neuberg, Miranda Pastor, Julian Perelman, Fabienne Petitjean et Louis le Chat, Charline Pichault, Esméralda Plateaux, Lisbeth Renardy et Molly, Laurence Renders, Jean Renouprez, Muriel Tihange, Sophie Ubaghs, Eric Van Den Berg, Antoine Van Impe, Athanasia Vidali, Vol au Vent, Stefan Wasser, Pascale Werres, Bénédicte Wesel, Gabrielle Wilmotte, Jhézabel Winkin, Lilou Woimant-Vanderbiste

Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991)

      • AUTEUR : Marylène LAFFINEUR-CREPIN, Animation Chrétienne et Tourisme,
      • EQUIPE DE REDACTION : Abbé Jean-Pierre DELVILLE, Abbé Alain HENRY de HASSONVILLE, Marylène LAFFINEUR-CREPIN,
      • MAQUETTE : Studio Bernadette BAYLE – Strasbourg,
      • EDITEUR : Editions du Signe -4 rue Ettore Bugatti – BP 94 – 67038 ECKBOLSHEIM STRASBOURG – FRANCE – Téléphone : 88 77 27 65,
      • EDITIONS DU SIGNE © 1991 – ISBN 2-87718-063-8

VISITEUR,
Tu vas pénétrer dans le porche de Saint-Jacques. Lève les yeux vers Jacob. Vois, dans le médaillon buriné, l’homme qui s’éveille. Il a vu en songe l’échelle joignant terre et ciel, où montent et descendent les anges de Dieu. Distingue l’inscription presque effacée sur le linteau de la porte. Ecoute le cri de Jacob : Quoi d’autre ici, sinon la maison de Dieu et la porte du ciel ! Franchiras-tu la porte ? Jacob te guide. Connaîtrait-il l’hôte de ces lieux ? Une nuit, il s’est battu avec Dieu (Gen 32). Toi aussi, peut-être ? L’autre nuit, il s’est émerveillé, à l’union de la terre et du ciel. Avec lui, laisse-toi émerveiller, toi aussi !

Jean-Pierre Delville

Extraits…

Liège, cité de dieu en bord de Meuse

Esquisser le paysage urbain de Liège, c’est -jusqu’à la Révolution- tracer les bras du fleuve dans une forêt d’édifices religieux. On en compte alors pas loin de cent, d’ampleur très diverse. Les souches principales, celles qui pendant huit siècles domineront la Cité, on les doit presque toutes à Notger (972-1008), premier des princes-évêques -le plus grand aussi- de la principauté. Comme d’autres évêques de son temps, Notger a voulu faire de Liège une nouvelle Jérusalem, une Cité de Dieu. Il a orné la cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Lambert, qu’il a superbement reconstruite, “d’une couronne de collégiales et d’abbayes qui formèrent un rempart spirituel appelé à doubler et à consolider les murailles de pierre dont il avait entouré sa ville” (J.-L. Kupper).

Sept, un nombre sacré

Sept occupe une place privilégiée dans la symbolique des nombres. Les jours de la semaine, les sages de la Grèce antique, les merveilles du monde, les paroles du Christ sur la croix, les sacrements, les vertus, les péchés même vont par sept. Sept, c’était aussi le nombre des collégiales liégeoises : Saint-Pierre, Saint-Martin, Saint-Paul, Sainte-Croix, Saint-Jean l’Evangéliste, Saint-Denis et Saint-Barthélemy…

Saint-Jacques, collégiale de la dernière heure

En 1785, après quinze ans de procès, les moines bénédictins de Saint-Jacques obtiennent la sécularisation de leur abbaye. Les moines deviennent des chanoines. Une huitième collégiale est née. Son existence sera éphémère.

Chapitres de chanoines

La collégiale se distingue des autres églises par le chapitre (ou collège) de chanoines qu’elle abrite. Cette communauté d’hommes (il existe aussi des communautés de femmes) est tenue de chanter au choeur les sept offices canoniques (ou heures canoniales : matines-laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies). Ces chanoines séculiers (vivant dans le siècle) sont soumis à une règle (canon). Ils ne prononcent pas de voeux, mais sont astreints au célibat. Sauf pour l’exercice de certaines charges, la prêtrise ne leur est pas imposée : ils font partie des religieux laïcs. Dans un premier temps, les chanoines mènent une vie commune : un dortoir et un réfectoire bordent, avec d’autres locaux, le cloître annexé à la collégiale. A partir du XIIe siècle, ils s’installent dans des maisons individuelles. L’assemblée capitulaire, qui réunit les chanoines (30 pour chaque chapitre liégeois), est présidée par le doyen (chef spirituel). Nanti d’abord d’une ferme autorité sur l’administration des biens et la nomination des bénéfices vacants, le prévôt voit bientôt son rôle réduit à celui de protecteur. Les autres charges importantes dans l’administration de la collégiale incombent à l’écolâtre (enseignement), le coste (garde du trésor) et le chantre (musique). Les revenus importants du chapitre (bois, terres, maisons, rentes, dîmes) servent à couvrir les énormes dépenses de l’institution : notamment les frais du culte, l’entretien des bâtiments et la rétribution d’un personnel considérable. Quelque cent personnes gravitent dans l’orbite d’une collégiale : outre les 30 chanoines, il faut compter de nombreux chapelains (prêtres attachés aux autels), les enfants de choeur, les musiciens…

La collégiale, une église particulière

La collégiale n’est pas une église paroissiale. Elle est l’église d’un clergé appelé à Liège secondaire (par opposition au clergé primaire, titre porté par le chapitre de la cathédrale Saint-Lambert). Elle se présente comme une église conventuelle, avec une zone exclusivement réservée aux religieux. Cet espace clos englobe le sanctuaire -occupé par le maître-autel et les célébrants- et le choeur -où prennent place les chanoines, chapelains, chantres et enfants de choeur qui chantent les offices et assistent à la messe. Dans la plupart des collégiales liégeoises, le choeur s’étend dans la croisée du transept. Entre le monde religieux et les nefs accessibles aux laïcs se dresse une haute clôture, véritable écran de maçonnerie : le jubé. Lieu des lectures et des proclamations, support éventuel des orgues, le jubé abrite -côté nefs- deux autels latéraux. Le Christ triomphal le surmonte. Un changement dans la mentalité religieuse met fin à l’existence des jubés : désormais, on ne contrariera plus la vue du maître-autel. Les jubés disparaissent en France dès la fin du XVIIe siècle. A Liège, le chapitre de Saint-Paul donne l’exemple en remplaçant, en 1712, son jubé par une clôture nettement plus basse. Il est suivi par tous les autres, à l’exception du chapitre de la cathédrale qui conserve le sien jusqu’à la fin parce qu’il sert de socle monumental pour la châsse de saint Lambert. Cette ambonoclastie (destruction systématique des jubés) n’est pas synonyme de gaspillage : dans la plupart des collégiales, les jubés -coûteux ouvrages d’architecture habillés de marbres rares reprennent du service sous forme de tribunes pour les orgues placées au fond des vaisseaux.

La collégiale transformée

Embellir et moderniser sont un souci constant pour les chapitres liégeois. La fondation de nombreux autels entraîne la construction de chapelles latérales. Le plan initial -celui de la croix latine généralement adopté s’en trouve modifié : plusieurs vaisseaux passent ainsi de trois à cinq nefs.

C’est en prononçant ces mots tracés sur le cadre que Notger s’agenouille devant le Christ en majesté. Aveu d’humilité. le PECCATI PONDERE PRESSUS ne fait nullement allusion à une ruse sacrilège ; c’est une formule souvent utilisée par les dignitaires ecclésiastiques au Moyen Age. Le sens et les divers composants de la scène ont suscité maintes questions et maintes hypothèses. Pourquoi Notger est-il nimbé ? L’objet qu’il tient en main, est-ce un codex (livre) ou un rotulus (rouleau) contenant le privilège d’administration du baptême accordé à l’église Sainte-Adalbert ? L’édicule devant lequel Notger s’agenouille représente-t-il la collégiale Saint-Jean, la paroissiale Saint-Adalbert ou le Saint-Sépulcre de Jérusalem? L’ivoire est justement célèbre et reconnu unanimement comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’art mosan. Il orne le plat de couverture d’un évangéliaire conservé à Saint-Jean jusqu’en 1715.

Urbanisme et théologie

Consacrée un 1er mai (987?) et nantie des revenus indispensables au bon fonctionnement de l’institution, la collégiale s’inscrit dans la politique générale d’accroissement, d’embellissement et de défense que Notger développe à Liège. Protégée, l’église Saint-Jean l’est par le bras de Meuse que Notger fait canaliser. Son image dans la ville est très différente d’aujourd’hui. Elle se dresse comme un repère au nord de l’île peu peuplée, juste en regard de la cathédrale. Cette liaison visuelle et symbolique ne relève pas du hasard. Elle a été voulue par Notger, comme le note l’un de ses biographes : “Notger édifia l’église sur une éminence de l’île, juste en face de la cathédrale SaintLambert dont Notre-Dame était la patronne principale, afin que l’apôtre préféré, que le Christ du haut de la croix avait donné pour fils à la Vierge, eut toujours la vue de sa mère et que le gardien de Marie fut toujours gardé par elle“. En implantant Saint-Jean et Sainte-Croix, Notger a retranscrit dans l’urbanisme l’épisode du Golgotha rapporté par Jean : “Femme, voilà votre Fils“, et au disciple “Voilà votre mère.

Une réplique symbolique du dom d’Aix-la-Chapelle

Au XIVe siècle, Jean d’Outremeuse souligne à propos de Saint-Jean “la fachon et forme reonde ensi que astoit et est l’englise Nostre Damme d’Yais-le-Grain.” Le chroniqueur mesure-t-il toute la pertinence de ce rapprochement ? La collégiale notgérienne reproduit exactement la chapelle palatine construite par Charlemagne vers 800. Elle en adopte le plan central. A l’est, le choeur est de petites dimensions (il sera, comme à Aix, remplacé par un choeur gothique plus vaste). Au centre, l’octogone -c’est la partie la plus caractéristique de l’édifice- est bordé d’un déambulatoire surmonté de tribunes. A l’ouest se dresse l’avant-corps : une tour massive flanquée de deux tourelles d’escaliers.

La nouvelle église baroque

La dégradation de l’édifice médiéval a acculé les chanoines à reconstruire la rotonde et le choeur. De 1752 à 1770, une nouvelle église est bâtie sur les anciennes fondations. Ses plans ont été établis par un architecte tessinois, Gaetano Matteo Pisoni. La source d’inspiration n’est plus à Aix, mais à Venise dans l’église Santa Maria della Salute, oeuvre de Baldassare Longhena (1630). Le mobilier de l’ancienne collégiale a repris place dans le nouvel édifice. Il est encore en grande partie conservé, notamment l’imposant maître-autel de marbre, un somptueux cadeau – il a coûté 4000 florins – du doyen André-René de Beekman (1694-1729). Le nouveau statut d’église paroissiale (1803) a enrichi le patrimoine de Saint-Jean de meubles liturgiques indispensables : les fonts baptismaux et la chaire de vérité proviennent de l’église Saint-Adalbert. Copies romantiques des confessionnaux baroques de l’église Saints-Pierre-et-Paul de Malines ( 1683-1684 ), les confessionnaux de Saint-Jean s’affirment à contre-courant de la vogue néo-gothique. Ils illustrent quelques grands thèmes chrétiens : la Foi, l’Espérance, la Passion, la Pénitence, la Mort.

Le massif occidental : un rempart contre les ténèbres

Seule partie de l’édifice médiéval épargnée par la reconstruction du XVIIIe siècle, l’avant-corps occidental a fait l’objet de plusieurs campagnes de  travaux. Progressivement surhaussé du XIe au XVe siècle, il domine un édifice aujourd’hui englouti dans la ville. Autrefois, il remplissait des fonctions pratiques et liturgiques. Ses tourelles d’escalier donnaient accès aux étages du massif central et aux tribunes de l’octogone. Haut lieu de la liturgie pascale et du culte du Sauveur vainqueur de la mort, il était encore voué au culte des anges, tout spécialement à saint Michel, gardien du paradis, défenseur des forces du Bien (que l’on situait à l’est) contre les forces du Mal (que l’on imaginait à l’ouest). L’avant-corps occidental formait, à Saint-Jean comme dans les autres édifices religieux, un rempart contre Satan. Et ceci explique l’absence de porte axiale si souvent observée en région mosane.

Trois chefs-d’oeuvre de l’art gothique

Vous êtes toute belle et pleine de charme (…) comme une aurore toute brillante de lumière (…) belle comme la lune, éclatante comme le soleil.

Cette vision mystique du Cantique des Cantiques s’est miraculeusement incarnée dans la plus célèbre des statues de l’église Saint-Jean, la Vierge assise à l’Enfant. Chef-d’oeuvre de l’art mosan et de l’art gothique européen, elle est l’une des plus belles, des plus précieuses et des plus harmonieuses interprétations du thème de la Vierge à l’Enfant. Marie, Siège de la Sagesse (Sedes Sapientiae), reine assise sur un trône riche de pierreries, Nouvelle Eve écrasant le dragon est aussi une femme d’une éclatante beauté. Ces deux témoins douloureux du Golgotha dominaient autrefois l’entrée du choeur. La robe serrée par une ceinture, drapée d’un voile-manteau, le visage crispé et incliné, le regard noyé de tristesse, les mains jointes, la Vierge s’efforce de contenir une souffrance intolérable, la perte de son enfant. Saint Jean en portant la main au front exprime le même accablement.

Le trésor d’une église disparue : saint-Adalbert

Elle avait été fondée par Notger en mémoire de son ami Adalbert, évêque de Prague et évangélisateur de la Pologne, massacré en Poméranie par les Prussiens Obotrites le 23 avril 997. Des quatre paroissiales de l’Ile, elle était seule à détenir le droit de baptême. L’église disparut avec l’Ancien Régime, mais une partie de son mobilier et de son trésor échut à Saint-Jean. C’est heureux, car de l’argenterie religieuse de l’ancienne collégiale, victime des réquisitions françaises, il ne reste rien.

Le relief de Guillaume de Wavre

Sous une voûte cintrée, trois convives assistent à l’onction des pieds du Christ par la Madeleine. La tête d’un serviteur apparaît à droite derrière un guichet ménagé dans le mur. A gauche, saint Jean, patron de la collégiale, présente le donateur, le chanoine Guillaume de Wavre, décédé le 23 janvier 1457. Ceci est son monument funéraire. Le thème, inhabituel dans l’art funéraire, surprend moins si l’on sait que, jadis, l’oeuvre ornait le réfectoire situé en bordure du cloître et que Guillaume de Wavre portait une attention particulière aux pauvres et au culte de sainte Marie-Madeleine, dont la paroisse liégeoise était, au Moyen Age, le quartier des filles de joie. Le relief révèle d’indéniables ressemblances avec l’art du peintre de Louvain Thierry Bouts (v. 1415-1475).

L’évangélaire de Quercentius : les derniers feux du livre manuscrit

Assis sur un promontoire, saint Jean écrit l’ Apocalypse. Son aigle-attribut tient l’encrier. Derrière lui, baignée de brume, la ville s’étend des deux côtés du fleuve, paisible et ignorante des terribles visions. Cette superbe miniature, qui s’inscrit dans la grande tradition des paysagistes mosans Joachim Patinier et Henri Blès, est l’oeuvre de Thomas Vanden Putte dit Puteanus, peintre et bourgeois de Saint-Trond (1532-1609). Elle appartient à un évangéliaire calligraphié en 1565 par un chanoine de Saint-Jean, Robert Quercentius (1513-1599). Professionnelle de la belle écriture, la main de Quercentius livre un ultime combat contre la machine, donnant aux caractères tracés l’apparence de l’imprimé. L’art séculaire du livre manuscrit, enrichi d’enluminures, s’éteint, vaincu par le progrès. A Liège, un premier imprimeur s’est installé : Walthère Morberius.

LE DESTIN DES COLLÉGIALES LIÉGEOISES

Après la suppression des chapitres (1797), les collégiales sont affectées à des fins profanes. Le Concordat de 1801 permet leur réouverture au culte. Une seule va disparaître : Saint-Pierre, la plus ancienne. La démolition de Saint-Lambert impose de choisir une église qui servira désormais de cathédrale. Un moment envisagée, Saint-Martin est écartée au profit de Saint-Paul qui jouit d’une situation centrale appréciable. Les autres ci-devant collégiales deviennent paroissiales. Leur patrimoine s’accroît de pièces de mobilier indispensables à leur nouveau rôle -fonts baptismaux, chaire de prédication, confessionnaux- et d’objets du culte récupérés dans  les paroissiales vouées à la disparition. Toutes ont été l’objet, dès le XIXe siècle, d’importants travaux de restauration. Toutes sont de fabuleux trésors d’art. Toutes font partie de notre patrimoine commun. Celui que nous avons reçu et que nous devons transmettre. Quel destin allons-nous leur réserver ?


[Dans la plaquette richement illustrée, à télécharger ci-dessous, plus d’informations sur :]

      1. la collégiale Saint-Denis : une tour forte dans l’enceinte notgérienne,
      2. la collégiale Saint-Barthélémy : la dernière née des collégiales liégeoises,
      3. la collégiale Saint-Martin-en-mont : cathédrale éphémère, forteresse sacrée, une fondation détournée,
      4. la collégiale Saint-Paul : Eracle, premier promoteur immobilier de l’île,
      5. la collégiale Sainte-Croix : Liège sous la protection de la croix,
      6. la collégiale Saint-Jean-l’Evangéliste : l’église de Notger,
      7. la collégiale Saint-Jacques : une grande abbaye bénédictine…

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

Tous les édifices présentés ont fait l’objet d’excellentes monographies publiées dans la série des Feuillets de la Société royale Le Vieux-Liège (en vente dans la plupart des églises, ils comportent une bibliographie du sujet).

On se référera aussi aux catalogues d’expositions

      • Millénaire de la collégiale Saint-Jean de Liège (Liège, 1982) ;
      • La restauration des monuments à Liège et dans sa province depuis 150 ans (Liège, 1986) ;
      • Trésors d’art religieux au pays de Visé et de saint Hadelin (Visé, 1988) ;
      • Saint-Martin. Mémoire de Liège (Liège, 1990) ;
      • Le culte de saint Hubert au pays de Liège (Saint-Hubert, 1990 et Liège, 1991) ;

…ainsi qu’aux études suivantes :

      • La Wallonie. Le pays et les hommes. Lettres-arts-culture, ss la dir. de R. LEJEUNE et J. STIENNON (2 tomes, 1977-1978) ;
      • J. STIENNON et Ch. MAHAUX, Cités de Belgique. Liège (Artis-Historia, Bruxelles, 1981) ;
      • J.-L. KUPPER, Liège et l’Eglise impériale. XIe-XIIe siècles (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, CCXXVlll, Paris, 1981) ;
      • P. COLMAN et B. LHOISTCOLMAN, Recherches sur deux chefs-d’oeuvre du patrimoine artistique liégeois : l’ivoire dit de Notger et les fonts baptismaux dits de Renier de Huy (dans Aachener Kunstblätter, 52, 1984, 151-186) ;
      • R. JANS, Le trésor de la collégiale Saint-Pierre à Liège (dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, 98, 1986, 333-338) ;
      • J. HENDRICK, La peinture au pays de Liège. XVIe, XVIIe et XVllle siècles (Liège, 1987) ;
      • P. HOFFSUMMER, L’étude des charpentes dans le bassin mosan en Belgique grâce à la dendrochronologie du chêne (dans PACT, 22, 1988, 69-84) ;
      • J.-L. KUPPER, L’évêque Notger et la fondation de la collégiale Sainte-Croix à Liège (dans Haut Moyen-Age. Culture, éducation et société. Etudes offertes à Pierre Riché, Paris, 1990, 419-426) ;
      • Chr. DURY, Fraternités et clergé secondaire du diocèse de Liège au Moyen Age. Contribution à la protohistoire des assemblées représentatives (dans Le Moyen Age, 96, 2, 1990, 287-316) ;
      • G. DENHAENE, Lambert Lombard. Renaissance et humanisme à Liège (Anvers, 1990).

RASSENFOSSE, Armand (1862–1934) et SERRURIER-BOVY, Gustave (1858-1910)

Catalogue de l’exposition au Musée de l’Ancienne Abbaye de Stavelot (20 juin – 20 septembre 1975) et au Service provincial des Affaires culturelles de Liège (30 septembre – 25 octobre 1975) sous les auspices du Ministère de la Culture française et du Service provincial des Affaires culturelles de Liège. La transcription intégrale des textes de ce catalogue est disponible dans wallonica.org…

Eaux et forêts (1975)

Toutes les analyses sociales actuelles montrent que l’homme attache de plus en plus d’importance à la qualité de la vie. Ce nouveau concept d’appréciation apparaît alors que les facteurs d’agression du milieu de vie de l’homme se multiplient inconsidérément.

C’est donc en dehors des grands centres urbains et industriels que l’homme doit rechercher un équilibre plus “naturel”. Parmi les milieux naturels, les forêts constituent des îlots de désintoxication, de repos et de détente.

Plus que jamais, la forêt exerce sur l’homme un incontestable attrait : des milliers de gens envahissent nos bois pour y chercher le calme, l’air pur, le délassement, loin des soucis quotidiens.

Pour répondre à ce besoin, l’Administration des eaux et forêts s’efforce de rendre la forêt publique plus accessible par la réalisation d’équipements touristiques appropriés.

Une action en profondeur est entamée au cours de cette année 1975 pour mieux faire connaître la forêt-et les fonctions qu’elle remplit: protection des équilibres naturels, production de matière ligneuse, rôle social et récréatif.

La forêt ne pousse pas toute seule, elle constitue un ensemble vivant et fragile. Elle a été façonnée par les sylviculteurs et aménagée en fonction des besoins de la collectivité tout en visant à assurer sa pérennité.

La forêt mérite non seulement d’être appréciée mais davantage respectée. C’est dans le but de la faire connaître, d’apprendre à l’aimer et à la respecter, que la présente plaquette est conçue.

Cette forêt si belle et si multiple qui vous accueille vous demande en revanche votre intelligente attention : éviter tout ce qui pourrait l’enlaidir ou la détruire. Bienvenue en forêt !

E. CLICHEROUX, Directeur général des eaux et forêts

L’année du tilleul (1985)

Planter un arbre … Renouveler la vie

…est une action de sensibilisation du Ministère de la Région wallonne pour l’Eau, l’Environnement et la Vie rurale menée conjointement avec la R. T.B.F. et le Crédit Communal, avec la collaboration des horticulteurs de Wallonie (U.P.A.H.).

“Quand éclatent, entre le printemps finissant et l’été naissant, les rayons d’un soleil au comble de ses effets, un seul arbre semble rendre à l’astre de lumière les hommages rituels : le tilleul. Cent mille fieurs et davantage se livrent sans compter. S’approcher de la couronne, c’est entrer dans une ivresse d’odeurs. Le parfum prodigue ses huiles essentielles aux abeilles et bourdons quis’ abreuvent de nectar, en libations sans fin.
Si le vent léger fait bruire lestement le dôme feuillu l’atmosphère magique dissipera avec volupté cette évanescente ambiance. C’est un repos de l’âme et du corps qui capté par d’agiles cueilleurs, va séjourner au-delà du temps, en des sachets au pouvoir miraculeux. Est-ce pour ce climat inimitable que les tilleuls ont été plantés en point d’orgue aux paysages ?
Tantôt seuls, gardiens de lieux de culte. Tantôt alignés pour souligner la majesté des plus belles allées du monde.
S’ils sont encore le souvenir de siècles de croissance, c’est peut-être que l’on pressentit au moment de les élire leur exceptionnelle longévité.
Un tilleul, c’est un univers, tellement les images quis’ allument dans l’esprit peuvent varier. Du point ponctuant les pâturages, à l’atmosphère des beaux jours, tout est souvenir lorsque, fumante, l’infusion vient réchauffer, apporter la sérénité, réconforter avec le miel de tilleul, des vicissitudes du temps mauvais.
Fleurs et bractées recroquevillées dans leur emballage de cellophane, réminiscences, à l’image des plus belles lignes que l’on écrivit sur le tilleul, celles de Marcel Proust au rituel de la madeleine trempée dans une tisane de. . . tilleul.”

J.-P. Lebailly