Mme Millet-Robinet (qui, comme son nom l’indique, fut un sujet de méditation du sieur Sigmund F.) était membre correspondant de la Société centrale d’agriculture de France et publia vers 1875 La Maison Rustique des Dames où les femmes habitant la campagne apprenaient qu’une vie bien remplie suffit à tout et coule avec une rapidité qui lui donne un charme inexprimable. Cet art de vivre apparaît surtout dans le style de Mme Millet-Robinet.
Dans le tome second (orné de 125 gravures) de La Maison Rustique des Dames, au chapitre du jardin potager, on lit que “si l’on plante l’ail en février ou mars, il ne forme qu’une bulbe ; si on le plante à l’automne, il en forme plusieurs, ce qui est préférable.”
La fin de la phrase est remarquable. Cette espèce de redondance n’est pourtant point vicieuse ; elle annonce au contraire une simplicité d’âme à quoi correspond bien le style de l’auteur – ce qui nous change de sa contemporaine née Rostopchine dont le style est également d’une merveilleuse simplicité mais le propos souvent plus déluré.
Vous aurez noté que Mme Millet-Robinet écrivait ‘une bulbe’ car elle savait que ce substantif est du genre féminin en botanique, et masculin en anatomie (le bulbe achidien), cette double acception du mot ayant pourtant fait qu’aujourd’hui le masculin l’emporte presque toujours, et comme toujours soupireront peut-être quelques dames.
On plante l’ail “à l ‘automne” et non “en automne.” La nuance est évidente : dès qu’arrive l’automne et non à n’importe quelle époque de cette saison.
Enfin, Mme Millet Robinet écrivait, toujours à propos de l’ail qu’on “le multiplie exclusivement de ses caieux, auxquels l’usage a conservé le nom de gousse, bien que le mot gousse ne convienne réellement qu’à l’enveloppe des graines des plantes légumineuses.”
Fort bien, mais qu’en pensait l’époux de Robinet ?
Philippe Toussaint
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