Tour le monde en conviendra : c’est au sort qu’elle réserve aux plus vulnérables de ses membres que l’on peut juger de la qualité d’une société. Aussi avons-nous voulu profiter du 60′ anniversaire du Curateur public du Québec, institution chargée de la protection des droits des personnes inaptes, pour nous pencher sur le sort qui leur est réservé au Québec et ailleurs dans le monde.
Historiquement, on s’est d’abord préoccupé de préserver le patrimoine de I’inapte, plutôt que de veiller sur sa personne. Avec la promulgation des droits de I’homme, à l’époque moderne, c’est la primauté de la personne elle-même qui apparaît. Mais ce souci pour la personne mettra du temps à s’imposer dans le cas des inaptes. Ce n’est que tout récemment (deux ou trois décennies tout au plus), en effet, qu’on en est venu à assurer de manière adéquate leur protection. Le Québec, à ce chapitre, occupe une position d’avant-garde. Si la protection juridique des personnes inaptes s’est étendue, encore faut-il que ces droits soient effectivement respectés. Ce qui est loin d’être toujours le cas.
Par ailleurs, le droit, s’il est indispensable, est-il pour autant suffisant ? De par son existence même, il soumet en effet les relations humaines au formalisme, à une certaine rigidité. Comment faire en sorte que I’importance que nous accordons dans I’abstrait à la sollicitude pour les plus faibles se traduise dans la vie quotidienne par un vif intérêt pour les êtres concrets, uniques, qui ont besoin du soutien continu de la société pour être reconnus dans toute leur dignité ? Comment concilier ce besoin de protection avec celui de liberté et de vie communautaire chaleureuse ? Voilà notre premier but en publiant ce fascicule, réalisé en partenariat avec le Curateur public du Québec…
Stéphane STAPINSKY
Le PDF intégral du magazine a été retranscrit par notre équipe et océrisé (vous pouvez en copier-coller le texte) :