Journal des procès n°102 (6 mars 1987)

Il n’est pas probablement plus très important de savoir qui a tort ou raison de MM. Damseaux, Coens et Verhofstadt, ni même d’essayer de comprendre quoique ce soit au déficit des finances publiques, hydre contre laquelle il apparaît de plus en plus vain de lutter.
La question est devenue de savoir si qui que ce soit, au gouvernement ou ailleurs, parvient encore à dominer le problème et à calculer à la deuxième conséquence, comme il est élémentaire de le faire aux échecs ? L’impression serait plutôt que plus personne ne sait où on en est, en sorte que les bonnes et les mauvaises nouvelles alternent, les secondes plus nombreuses que les premières mais sans que cela n’ait jamais vraiment un sens.
La confiance qu’on devrait faire en tel ou tel gouvernement devient absolument aveugle et on inverse l’ordre des données : puisqu’on nous impose I’austérité, c’est que ça ira mieux un jour ! A la limite, et au mieux, on ne cesse de parer au plus pressé, de faire face au jour-le-jour à des situations que personne ne pouvait prévoir et dont ceux qui gouvernent sont les premiers surpris ou effondrés. La machine est devenue folle. Le mot de fiduciaire prend enfin tout son sens, proche de fictif – le fiduciaire étant ce qui dépend exclusivement de la confiance.
Ceux qui conduisent le navire ont-ils pourtant encore confiance en eux-mêmes et la situation n’oblige-t-elle pas à caboter de plus en plus serré entre des écueils qu’aucun pilote ne repère plus avant d’avoir le nez dessus ?
Peut-être M. Martens va-t-il faire répéter en conseil des ministres “Plus près de Toi, mon Dieu” – en s’avisant qu’en outre il y en a qui chantent faux ?

Philippe Toussaint


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