“Du XVIe siècle jusqu’à nos jours, les stéréotypes, croyances et images occidentales attachées à la ‘femme noire‘, sont caractérisés par leur remarquable permanence. Ils forment autant de représentations traversées par une ambivalence fondamentale se traduisant par des attitudes occidentales essentiellement masculines de fascination et/ou de répulsion selon le rapport entretenu par les Européens avec leurs propres sociétés et, en miroir, selon leur représentation valorisée ou dévalorisée de la ‘nature‘. Cet article souligne l’importance de la variabilité du lien entre ambivalence occidentale et degré de ‘négroïdité‘, habituellement délaissée au profit de la couleur dermique, dans la construction de trois imaginaires attachés à la Négresse, la Mulâtresse et la Peule…” [Plus dans l’article de Yann le Bihan : L’ambivalence du regard colonial porté sur les femmes d’Afrique noire (2006)]
Héritage du Fonds Primo, ces séries de photos anciennes (principalement des cartes… postales !) sont livrées telles quelles à votre sagacité et votre sens critique, qui ne manquera pas d’être aiguisé par une lecture préliminaire de l’article de wallonica.org : BLANCHARD Pascal et al. : Sexe, race & colonie | La domination des corps du XVe siècle à nos jours (2018).
Par ailleurs, on notera l’interpellant dispositif qui consiste à montrer systématiquement une femme dénudée (principalement, la poitrine nue) dans une posture voulue accueillante (un euphémisme d’époque pour ‘érotique‘), avec une indication géographique (Afrique occidentale ; Algérie ; Gourbi de Kamès…) et un commentaire pseudo scientifique (Scènes & Types : Jeune femme maure ; Type de femme ; Nu académique marocain…).
Ces appellations contrastent fortement avec d’autres, moins scientifiques, figurant dans les mêmes collections – La belle Fathma, Captive, Rêveuse, Les amoureux, Beauté égyptienne, Les Amoureux ou Esclave… – pour ne pas insister sur celles qui nous ramènent carrément à Tintin au Congo : “Ti regardes… mais ti toche pas !“
Nos grands-parents trouveraient-ils dès lors normal de rapprocher ce recensement pseudo-ethnographique (lieux, catégories, description formelle…) de celui des oiseaux du Musée d’Histoire naturelle du Royaume de Belgique où figure le Tétra Lyre et la Sitelle européenne ? Autre temps, autres mœurs.
Pour visualiser chaque série, cliquez sur l’image et faites défiler les cartes postales. Vous constaterez que nous nous sommes refusés à travailler par thème ou à catégoriser les images : vous y trouverez autant de bustes de madones que de (trop) jeunes femmes dans des mise-en-scène sordides ou pathétiques. Le débat est lancé…